Ayoub el-Khazzani, le jeune Marocain soupçonné d'avoir voulu commettre un carnage dans le train Thalys reliant la ville d'Amsterdam (Pays-Bas) à Paris, a été mis en examen et placé en détention provisoire dans la nuit de mardi à mercredi 26 août.
Plus tôt dans la journée, le procureur de la République de Paris François Molins avait annoncé que ce dernier avait été présenté à un juge, notamment pour tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste, au terme de quatre jours de garde à vue et « au terme de déclarations que je qualifierai de fantaisistes, jusqu'à ces derniers jours - je crois que c'était hier -, où il a décidé de faire valoir son droit au silence », a expliqué M. Molins lors d'une conférence de presse.
« J'ai décidé ce jour d'ouvrir une information judiciaire des chefs de tentatives d'assassinats (...) en relation avec une entreprise individuelle ou collective terroriste (...), détention, port et transport d'armes (...), participation à une association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes d'atteinte aux personnes », a déclaré le procureur, précisant avoir requis le placement en détention provisoire du suspect.
« Cette tentative d'assassinat concerne l'ensemble des personnes se trouvant à sa portée dans le train Thalys Amsterdam-Paris », a justifié François Molins, qui est revenu en détail sur le déroulement de l'attaque avortée, qualifiée de « projet criminel » « ciblé et prémédité ». Peu d'éléments nouveaux ont été apportés, mais le procureur a indiqué que les deux Américains sont passés à l'action au moment où l'homme chargeait son fusil d'assaut AKM (et non AK-47).
L'arme automatique ne se serait donc pas enrayée, selon les premières conclusions de la justice française. Le suspect transportait un « armement lourd », dont 270 munitions, ainsi qu'une bouteille de 50 cl d'essence. François Molins a souligné qu'il avait consulté dans le train, sur son téléphone, un site internet de prêches islamistes appelant au combat.
Séjours à l'étranger
Par ailleurs, les dates des différents séjours à l'étranger restent encore très floues, après la garde à vue de quatre jours d'el-Khazzani. Ce dernier a reconnu avoir habité cinq à sept mois à Aubervilliers en 2014, a indiqué François Molins. De plus, les enquêteurs ont déterminé qu'Ayoub el-Khazzani s'était rendu en Turquie et était revenu en Europe le 4 juin 2015 par un vol en provenance d'Antakya, une ville proche de la frontière syrienne, a affirmé le procureur de Paris, un voyage réfuté par le terroriste présumé.
Par ailleurs, deux perquisitions de la police belge dont une chez la soeur d'el-Khazzani a amené la preuve qu'il a bien séjourné chez celle-ci, contrairement à ce que le suspect avait déclaré lors de sa garde à vue.
Le procureur a finalement parlé des « déclarations fantaisistes » et des « réponses évasives » du suspect. Selon les témoignages recueillis lors de l'enquête, notamment ceux des personnes qui l'ont maîtrisé, l'homme avait fait preuve d'une grande détermination et était prêt à tuer.
L'instruction devra déterminer de nombreux points qui restent encore obscurs, parmi lesquels son parcours, la provenance des armes, ses éventuelles complicités et ses sources de financement. Il a ainsi par exemple payé lui-même en liquide un billet en première classe d'une valeur de 149 euros pour ce train.
François Molins a conclu en rappelant que 1882 personnes sont impliquées dans le jihad en Syrie et 209 sont mises en examen.