Varoufakis, invité vedette d'Arnaud Montebourg à Frangy-en-Bresse

Allemands, Suisses, Japonais et même Chinois et Indiens : pas moins de 80 médias du monde entier sont attendus à la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse, en Saône-et-Loire, qui accueille ce dimanche le bouillonnant Yanis Varoufakis, ex-ministre grec des Finances. Il viendra parler Europe et refus de l'austérité à côté du non moins détonnant Arnaud Montebourg, ex-ministre de l'Économie, évincé il y a tout juste un an du gouvernement. Deux forts tempéraments, deux anciens ministres au verbe haut. Tous les ingrédients du « show » politique sont réunis.

Arnaud Montebourg et Yanis Varoufakis, ou les deux ex-ministres en rupture avec leur camp. On a déjà vu le duo cet été dans les pages people des magazines, bras dessus bras dessous, chacun avec sa compagne. Message appuyé pour mieux souligner un parcours similaire, celui de deux leaders ayant passé la cinquantaine et qui se cherchent un destin.

Brillants et passionnés, sans doute, disent leurs anciens amis qui les jugent surtout aujourd'hui individualistes et imprévisibles. Yanis Varoufakis arrivera-t-il en Saône-et-Loire à moto, blouson de cuir et chemise ouverte, comme à Athènes au plus fort des négociations sur l'aide à la Grèce ?

Arnaud Montebourg le jure la main sur le cœur : loin des paillettes, ce qu'il veut ce dimanche, c'est agir en citoyen engagé, faire « la pédagogie du monde ». Faire parler de cette Europe qu'il faudrait reconstruire autrement, proposer un autre chemin contre l'austérité. Et tant pis si une partie des socialistes locaux grincent des dents. Chaise vide annoncée pour le député de la circonscription, un socialiste légitimiste.

Les quelques parlementaires socialistes frondeurs qui feront le déplacement ce dimanche à Frangy trouveront à leur table des bouteilles étiquetées « Cuvée Europe ». Un clin d'œil à la fameuse « cuvée du redressement », celle qu'Arnaud Montebourg voulait envoyer au président l'an passé, au même endroit ; celle qui a sans doute largement contribué à son éviction du gouvernement dès le lendemain.


♦Analyse

Des écologistes aux communistes, les partis de gauche ont presque tous cherché à faire venir l'ancien ministre grec pour leur rentrée. Mais celui-ci s'est réservé pour Arnaud Montebourg. Officiellement, Yanis Varoufakis est l'idole de la gauche de la gauche.

Applaudi et félicité pour avoir claqué la porte d'un gouvernement Tsipras qui cédait trop à ses yeux à Bruxelles, du Parti communiste au Parti de gauche, on a ainsi souri jusqu'aux oreilles de voir un économiste star porter haut la ligne politique qu'ils ont bien du mal a défendre devant les électeurs, laminés par les élections intermédiaires du quinquennat, déstabilisés par les luttes internes.

Sans le dire, les partis de la gauche radicale espèrent surtout capter un peu de la lumière que le leader grec au crâne chauve attire si bien. Ce dimanche, Jean-Luc Mélenchon l'a donc fait savoir, il rencontre Yanis Varoufakis avant son départ pour la Bresse d'Arnaud Montebourg.

Les autres espèrent encore obtenir sa présence lors de leurs rendez-vous pour la rentrée politique. Mais sous couvert de l'anonymat, on ne cache pas son dépit de s'être fait damer le pion par l'ex-ministre du Redressement productif.

Un cadre communiste lâchait ainsi vendredi, faussement inquiet : « Ce duo à Frangy-en- Bresse, on espère surtout que ça ne se résumera pas à un simple concours de testostérone. » Le si sollicité Yanis Varoufakis appréciera.

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