Les barrages qui se sont multipliés dans toute la France ces derniers jours étaient toujours en place ce mercredi à la mi-journée, mais ils devraient a priori être levés dans les heures qui viennent après l’annonce du gouvernement. Face à la montée en puissance de la mobilisation des éleveurs, le gouvernement a annoncé un plan doté d’une enveloppe de 600 millions d’euros.
« Crise économique, sociale et morale »
Les ministres français sont sur le pont depuis mardi pour essayer de mettre un terme à ce mouvement de protestation. Le plan d’urgence, promis par François Hollande, a été présenté ce mercredi matin en présence d’une dizaine de ministres et du premier d’entre eux, Manuel Valls. Un Premier ministre qui l’a dit et redit : « Le gouvernement est aux côtés des agriculteurs. » Une manifestation appuyée de « l’intérêt porté [par le gouvernement] à la crise économique, sociale, morale » traversée par le secteur, a affirmé le Premier ministre.
Une manière, aussi, de répondre aux attaques sur l’absence d’anticipation du gouvernement, qui a laissé la situation se dégrader avec la multiplication de barrages, filtrants ou non, érigés par des agriculteurs sur des dizaines d’axes routiers dans l’Hexagone. Manuel Valls a pris soin de rappeler que « la crise est ancienne », pointant sans la nommer la responsabilité de l’actuelle opposition, appelant par ailleurs à « ne pas exploiter à des fins politiques la détresse des éleveurs ».
Accueil favorable de la FNSEA
Sur le fond, vingt-quatre mesures ont été présentées. Des mesures d’urgence, d’abord, avec en premier lieu un programme d’allégement de la dette des éleveurs en difficulté. Des mesures structurelles à moyen et long terme, aussi, dont l’objectif affiché est de « donner aux éleveurs les moyens de vivre dignement de leur travail », a insisté le Premier ministre. Manuel Valls a également appelé « solennellement » la grande distribution et les industriels à respecter leurs engagements sur l’augmentation des prix. C’est bien l’un des enjeux et l’une des réponses attendues par les éleveurs.
Xavier Beulin, président de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire, a accueilli favorablement ces annonces, tout en prévenant qu’elle ne suffirait pas à apporter une réponse complète. « Les déclarations et prises de position du chef de l'Etat, l'engagement du Premier ministre, le travail du médiateur, tout ça va dans le bon sens », a déclaré le président de la FNSEA, soulignant que, pour les éleveurs, « la priorité des priorités [ce sont] les prix et la capacité des éleveurs à retrouver des perspectives, avec cette question des contrats, et autour d'une restructuration de l'endettement. »
■ 24 mesures pour sortir l’élevage de l’ornière
L’Etat a débloqué un plan d’urgence de 600 millions d’euros pour résoudre une crise qui touche trois secteurs clefs de l’agriculture en France : la viande bovine, le porc et le lait.
Par Myriam Berber,
Parmi les 24 mesures, figure en priorité un programme de désendettement. L'allégement des différentes charges sociales et fiscales va représenter un total de 500 millions d'euros.
La totalité des dettes des éleveurs en difficulté va être restructurée. Avec notamment des annulations de dettes pour les cas les plus désespérés, et un étalement des mensualités pour les autres. Stéphane Le Foll, ministre français de l’Agriculture, a précisé qu’«un dispositif de la Banque publique d’investissement (BPI) sera mis en place pour garantir les crédits bancaires des agriculteurs ».
Crise des prix et endettement massif
Le plan prévoit également plusieurs mesures de trésorerie : le report d'échéance de paiement de l'impôt sur le revenu, le remboursement anticipé de la TVA ou encore une exonération des taxes foncières.
Mais comme l’a souligné le président de la FNSEA, Xavier Beulin, « la priorité des priorités, ce sont les prix ». Face à la volatilité des prix sur les marchés bovins et laitiers, les différents syndicats agricoles souhaitent des mesures pour garantir la stabilité des prix.
Aide à l’export
Une aide de 10 millions d'euros sera également accordée aux filières porcines, bovines et produits laitiers pour les aider à faire leur promotion.
Des mesures à l'export sont également prévues, notamment le lancement d'une plateforme commune qui doit permettre aux éleveurs de se fédérer pour décrocher des marchés à l'export.
Enfin, le gouvernement a rappelé l'importance de l'origine française des viandes. Aujourd’hui, près 80 % de la viande distribuée par l'Etat et les collectivités locales provient de l’importation. Un travail sur l'achat de produits français va donc être réalisé en restauration collective et dans les cantines scolaires.