Au moment où Manuel Valls monte à la tribune cet après-midi pour engager la responsabilité de son gouvernement sur la loi Macron, l’hémicycle se vide. Face aux seuls députés de sa majorité, le Premier ministre pose sa voix, déroule ses arguments, déjà exposés à longueur d’interviews par les socialistes légitimistes. Le 49-3, c’est le choix de l’efficacité bien plus que de l’autorité, allez vite, c’est surtout donner du concret aux Français, affirme-t-il.
A quelques pas de là, les couloirs de l’Assemblée sont plongés dans un énorme brouhaha. « Toutes ces procédures, la droite ne les a pas utilisées. Sur les retraites, nous sommes allés jusqu'au bout du débat, parce que c'était un projet majeur. Mais probablement que la loi Macron n'est pas un sujet majeur... Manuel Valls, il apporte toujours des petites solutions à des grands problèmes », persifle Eric Woerth. Les élus des Républicains parlent d’un Premier ministre qui « humilie le Parlement », décrivent un Manuel Valls « gonflé par son orgueil et sa mégalomanie ». Les mots des contestataires socialistes ne sont pas moins violents. Un frondeur parle ainsi d’une « loi de droite faite avec des méthodes de droite ».
Ce sont les mêmes affrontements qu’il y a quatre mois, lors du 49-3 sorti en urgence. Mais cette fois, le ton monte plusieurs crans au-dessus. Les débats lors de la mention de censure s’annoncent en revanche d’un calme plat. Les députés sont nombreux à avoir d’ores et déjà décidé de boycotter jeudi prochain le Parlement. Le texte sera considéré comme adopté, à moins qu'une motion de censure contre le gouvernement ne soit adoptée d'ici la fin de la semaine, ce qui est hautement improbable.
« On donne rendez-vous au budget », prévient le même député frondeur. Le budget présenté cet automne sera débattu en pleine campagne des régionales, sous l'épée de Damoclès d'une cinquième défaite électorale d'affilée. En fait, c'est la même pièce de théâtre, tout est comme avant, lâche un député non aligné. Sauf que c'est pire.