Avec notre envoyée spéciale à Gémenos, Anissa el-Jabri
« Moi, je suis un ouvrier. Le président vient inaugurer une entreprise. On s’est battus pendant quatre ans pour la créer. Je suis super content. » L'homme qui témoigne à notre micro a joint le geste à la parole : c'est lui qui a dévoilé le nouveau logo de l’entreprise au milieu des salariés. Des applaudissements fusent. A ce moment, François Hollande reflète l'image d'un président fidèle aux engagements du candidat socialiste qu'il fut. C'est depuis deux semaines - avec son discours d'entrée en pré-campagne à Carcassonne - ce que veut montrer le chef de l'Etat.
« Je vous condamne à réussir », lance le président aux employés de la nouvelle société coopérative ouvrière provençale de thés et infusions, Scop-Ti, reprise par 57 de ses salariés, sur les 182 que comptait Unilever, au terme d'un long conflit social. Il souligne ainsi le caractère exemplaire de leur lutte pour sauver et maintenir leur activité en France. Visite de l'usine puis signature d'accords.
Double message aux socialistes et aux Français
François Hollande a rencontré les salariés à trois reprises pendant le conflit social avec le groupe anglo-néerlandais Unilever. En août 2011, pendant la campagne des primaires socialistes, il se rend sur le site ; en février 2012, en pleine présidentielle, il participe cette fois à un meeting de soutien avec les candidats de toute la gauche à Paris ; enfin, quelques mois après son élection, en août 2012, François Hollande recoit les salariés à l'Elysée.
Aujourd'hui, sûr de son accueil chaleureux, le président s'amuse à raconter que les ouvriers en lutte - ce sont ses mots - ont toujours eu son numéro de portable et son email. Message aux socialistes qui doutent à la veille de leur congrès : un sur deux pense que le parti est trop à droite. Malgré son virage social-démocrate, François Hollande est à l'aise avec les ouvriers. Message aux Français aussi : malgré la hausse continue du chômage, il faut rester optimiste, les résultats viendront.
« Vous êtes une entreprise pas comme les autres, a déclaré François Hollande aux salariés, mais vous êtes une entreprise avec les exigences de l’entreprise. Vous êtes dans le marché et donc vous avez des critères qui doivent être ceux du marché. Personne ne va vous acheter pour vous faire plaisir. Peut-être au début. Mais après ils vont vous acheter vos produits parce qu’ils sont de qualité, parce que vous êtes les meilleurs dans votre mission qui est de fournir du thé. » Un thé qui sera désormais servi à l'Elysée.