La grève des professeurs de collège, mardi 19 mai, n'a pas fait renoncer la ministre Najat Vallaud-Belkacem. Elle maintient plus que jamais la réforme du collège, refusée par une partie des enseignants. Le décret a été publié dès ce matin au Journal officiel. « Trop vite », disent ses détracteurs.
Invitée de France Info mercredi 20 mai au matin, après avoir signé le décret de la réforme des collèges, la ministre de l'Education dément tout passage en force. « Tous les délais sont tels que nous les avions prévus depuis le début, a assuréNajat Vallaud-Belkacem. Je vous rappelle que cette réforme du collège a été adoptée. C'était le 10 avril dernier en Conseil supérieur de l'éducation. Aujourd'hui le décret est publié pour que la loi puisse être mise en oeuvre à la rentrée 2016. Le sujet, ce n'est pas le nombre de professeurs qui a été mobilisé, le sujet, c'est les inquiétudes qu'ils manifestent et la façon dont on y répond. Donc pourquoi il fallait publier ce décret maintenant ? Pour pouvoir passer à l'étape suivante qui est celle que j'ai annoncée hier c'est-à-dire les décrets d'application qui vont permettre d'apporter les garanties. »
« C'est pas ça gouverner »
Les inquiétudes se formulent de part et d'autre ce mercredi 20 mai après l'annonce de la publication du décret. Frédérique Rollet, secrétaire générale du SNES-FSU, le syndicat majoritaire des enseignants du second degré, dénonce ce qu'elle appelle un passage en force du gouvernement. « C'est pas comme ça qu'on affirme sa fermeté. C'est pas ça gouverner, s'est-elle insurgée. Gouverner, c'est aussi essayer d'écouter ceux qui sont les professionnels dans un domaine et de faire quelque chose qui soit efficace. Et non pas essayer de passer en force, ce qui ne fonctionne jamais. »
« On espérait qu'au lendemain de la grève, on puisse regarder de manière approfondie et en meilleure connaissance de cause, comment on fait pour que la réforme s'applique concrètement, ajoute la secrétaire générale du SNES-FSU. Comment on met en place de l'interdisciplinarité. Comment on revoit l'autonomie donnée aux établissements pour que ce soit une autonomie des équipes et non pas une autonomie de gestion. On a vraiment raté une occasion. J'espère aussi qu'il ne sera pas trop tard et que la ministre prendra les gestes d'ouvertures nécessaires pour que nous puissions reprendre le dialogue. »
Appel à manifester du Modem
Le président du Modem François Bayrou appelle, lui, à une manifestation nationale. Il parle de passage en force et de mépris du gouvernement vis-à-vis des réactions d'inquiétude des acteurs concernés. « Il y a beaucoup de gens qui sont indignés ce matin parce que le gouvernement, ces derniers jours, avait dit "mais non, on va écouter, on va calmer les inquiétudes. On va même saisir le Conseil des programmes pour que toutes les interrogations soient levées", critique l'ancien ministre de l'Education nationale. C'est à la fois de l'affolement et l'autoritarisme. Le gouvernement a décidé de passer en force pour que la réforme soit imposée contre les inquiétudes et interrogations venant de tous les bords. Donc cela va faire flamber l'indignation et la contestation. Et il va falloir qu'on le dise. »