Le Premier ministre Manuel Valls a redit samedi l'opposition de la France à l'instauration de « quotas de migrants » au niveau européen, tout en plaidant pour une répartition « plus équitable » des réfugiés dans l'UE. Des déclarations qui interviennent quelques jours à peine après la présentation du plan d'action pour l'immigration et l'asile de la Commission européenne, mercredi, qui prévoit des quotas obligatoires pour assurer une distribution équitable des réfugiés et en cas de crise, un transfert des demandeurs d'asile entre les Etats de l'UE.
Manuel Valls ferme donc la porte après ses homologues britannique mais aussi hongrois, deux Premiers ministres qu’on sait très opposés à toute politique européenne de migration.
Officiellement Matignon l’assure, il n'y a pas de contradiction entre les déclarations du Premier ministre et les propositions de Bruxelles. En fait, Manuel Valls, dans son rôle classique de garant de la fermeté, pose des conditions : répartir les migrants en fonction de quotas pourquoi pas, mais seulement lorsqu’il s’agit de demandeurs d'asile, et surtout pas de migrants en situation irrégulière.
La droite opposée au plan de l'UE
La réponse à une droite vent debout contre les propositions de la Commission européenne. A Nicolas Sarkozy aussi qui répète depuis des années et l’a redit samedi soir en meeting : il faut revenir sur les accords de Schengen. La libre circulation en Europe empêche de contrôler efficacement l’immigration, soutient le président de l’UMP.
En privé, le président de la République le dit aussi : « L’opinion publique n’est pas prête à accepter davantage de migrants ». Une manière d’évoquer sans le dire les succès électoraux du Front national. Enfin, sans résultats économiques, la gauche n’a pas d’autre choix que d’occuper le terrain médiatique. Une évidence pour un Premier ministre qui aime être omniprésent. Un Premier ministre convaincu surtout que la prochaine présidentielle se jouera sur les thèmes de l’identité et de la sécurité.
A Bruxelles, l'heure est à la justification
Les milieux européens réfutent point par point la demi-douzaine de critiques formulées par des chefs de gouvernement de l’Union européenne. Au Premier ministre britannique qui redoute que les quotas fassent un appel d’air qui accroîtrait le nombre de candidats à l’immigration, on le triplement récent des moyens de sauvetage en mer a précisément cet effet que la Commission souhaite limiter. Et à moins de procéder comme les Indonésiens ou comme les Birmans, cet appel d’air aura toujours lieu, dit-on.
Le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka, lui, estime que les quotas sont illégaux. C’est l’évidence même. Tant que les gouvernements n’ont pas validé une directive européenne, elle n’a évidemment pas force de loi. Manuel Valls veut une répartition équitable des immigrés entre les pays européens, mais il réfute la méthode des quotas, sans pour autant dire quelle méthode il préconise pour sortir de l’impasse actuelle, souligne-t-on à Bruxelles.
Et quand Nicolas Sarkozy réclame un Schengen 2, c’est non sans un fond d’ironie que l’on rappelle que depuis les accords de Schengen en 1985, on en est déjà à la quatrième version de ce texte.