La Commission européenne propose que 20.000 migrants soient accueillis et répartis à travers l’Union au cours des deux prochaines années, mais la Grande-Bretagne, l’Irlande et le Danemark seraient exclus de ce dispositif, à leur demande… L’Allemagne, la France et l’Italie seraient les principaux foyers d’accueil. Des propositions qui font réagir les éditorialistes.
« Des quotas pour les migrants !, s’exclame L’Alsace. L’Europe est décidément bien malade pour traiter comme des marchandises ou des biens de consommation courante des hommes et des femmes qui ont tout abandonné dans l’espoir de trouver une vie meilleure de l’autre côté de la Méditerranée. Car même si ces Syriens, Érythréens et autres Soudanais ont été abusés par le mirage de l’eldorado européen, ils sont d’abord des victimes. Victimes de ces guerres et conflits qui affament les peuples et les poussent à l’exil, aux prix d’insupportables souffrances. Victimes aussi des réseaux mafieux qui remplissent les bateaux jusqu’à la gueule en entassant les miséreux comme du bétail avant de les abandonner en mer, quand ils ne font pas couler les embarcations. »
« Assez des égoïsmes ! Assez du cynisme ! , s’énerve Le Midi Libre. Les pays d’Europe doivent regarder la réalité en face : si les vagues de réfugiés ont gonflé c’est parce que le vase déborde en Syrie, en Irak. Il s’est d'abord déversé sur les pays voisins. Il s’écoule aujourd’hui sur nos côtes. La communauté internationale a laissé faire Assad, a laissé s’installer Daech sur les bords du Tigre et de l’Euphrate. »
Et Le Midi Libre de s’interroger : « peut-on tourner le dos à tous ces laissés pour compte de nos errements ? Jusqu’à quand l’Europe vieillissante, où la démographie décline, feindra-t-elle aussi d’ignorer qu’aux réfugiés de la guerre s’agrègent les réfugiés de la misère ? Il faut une politique de l’accueil, juste et rigoureuse. Il faut aussi une politique d’aide au développement de l’Afrique. Il faut une Europe plus forte, plus solidaire et moins d’égoïsmes. »
Un monde qui bouge…
Toutefois, estime Ouest-France, « les mesures et les projets annoncés hier par la Commission européenne ont le mérite de poser lucidement les termes complexes du problème. En discernant plusieurs niveaux d’intervention. L’urgence humanitaire, d’abord, rendue insoutenable par les naufrages. Il est normal, juste et souhaitable de sauver les naufragés. Notre état de droit et nos valeurs, à moins de les renier, l’exigent. Pour ce faire, l’Italie, Malte et la Grèce ne peuvent être laissées seules. D’où l’idée proposée par la Commission de répartir les réfugiés entre les pays. (…) Parallèlement, l’agenda européen propose d’éviter, à la source, les embarquements, pointe Ouest-France. C’est le volet sécuritaire (et militaire ?). Traquer les passeurs. Ce sera aux ministres des Affaires étrangères d’en discuter les modalités lundi, stratégiquement périlleuses sur le théâtre libyen. (…) Reste enfin le lourd, relève encore Ouest-France. Le sous-développement, les guerres en Syrie, en Érythrée, la Libye. Dans les années 90, rappelle le journal, la peur de l’invasion des Albanais effrayait l’Italie. L’Adriatique regorgeait d’embarcations. Aujourd’hui, Tirana est en plein boum, les Albanais sont rentrés et les Italiens s’y précipitent pour faire des affaires. Il est illusoire d’arrêter les flux en n’adoptant qu’une position défensive, conclut Ouest-France. Le monde bouge, il faut le guider, pas le stopper. Autrement dit le pacifier et le développer. »
Burundi : rien n’est joué
A la Une également, le coup d’Etat au Burundi… « Il peut sembler paradoxal de se réjouir d’un coup d’Etat militaire dans un pays qui en a déjà connu quatre depuis 1966, observe Libération. Mais ce coup de tonnerre dans un ciel bien peu serein est à mettre en relation avec le 'coup d’Etat électoral' que tentait d’imposer Pierre Nkurunziza depuis le 25 avril, lorsqu’il avait officiellement confirmé son intention de briguer un troisième mandat. Cette candidature de trop, jugée inconstitutionnelle à l’issue de deux mandats déjà calamiteux, avait aussitôt enflammé la rue. Or malgré les morts - une vingtaine - et le front commun de l’opposition, laquelle résistait à toutes les sirènes ethniques manipulées par le pouvoir, Pierre Nkurunziza s’obstinait. »
C’est donc le major général Godefroid Niyombaré, un ancien des services de renseignements, qui est à l’initiative du coup d’Etat. Mais rien n’est encore joué, pointe Le Figaro : « l’armée serait divisée, et des négociations sont en cours entre différentes branches dans un hôtel près de la radio nationale, où se sont regroupés les éléments proches du président Nkurunziza. La police, elle, a disparu des rues de la ville, mais elle n’a pas pour autant changé de camp. Que feront demain ces forces de l’ordre haïes de la population ? (…) Niyombaré fait face à un défi de taille, conclut Le Figaro. Même s’il arrive à regrouper l’armée derrière lui et à gérer la police, la population burundaise est loin d’être aussi homogène que le laisse penser le front commun des manifestants de Bujumbura. »
Bien, mais peut mieux faire !
En France, la croissance revient… mais pas les emplois. Nous en parlions déjà hier avec Les Echos qui annonçaient ce bon chiffre : une croissance positive de 0,6% pour le premier trimestre. Mais en effet, comme le souligne Le Monde, cette croissance se fait « sans emploi ni investissements. (…) Le rebond de la croissance française, deux fois plus forte ce trimestre que celle de l’Allemagne, s’explique par la nette accélération de la consommation des ménages, précise le journal. En revanche, l’investissement n’a toujours pas redémarré et l’emploi reste en berne. Au premier trimestre, 13.500 postes ont été supprimés dans les secteurs marchands non agricoles (dont 13.000 dans la seule construction) : c’est dix fois plus qu’au quatrième trimestre 2014. »
En tout cas, s’exclame Le Courrier Picard, « ce n’est pas tous les jours que la France fait mieux que l’Allemagne sur le terrain économique, alors ne boudons pas notre plaisir. Avec 0,6 % de croissance au premier trimestre 2015, la France endosse l’habit de l’outsider qui coiffe au poteau le favori allemand, stoppé à +0,3. »
Alors, s’interroge La Dépêche du Midi, « la patience et l’obstination de Hollande commenceraient-elles à payer ? C’est tout au moins ce que l’on veut croire à l’Élysée. Ces premiers résultats économiques encourageants arrivent au bon moment, car les Français ont perdu patience, pour ne pas dire espoir, face à l’impuissance gouvernementale à améliorer la situation économique et sociale. Il faut maintenant que ce bourgeonnement printanier se traduise par une diminution nette et durable du chômage et un développement de l’investissement. La France n’est pas encore sortie de l’ornière. »