Photo poignante dans Libération d’un jeune migrant qui tente d’échapper à la noyade en mer d’Andaman, entre Birmanie, Thaïlande et Indonésie. Un de ces nombreux réfugiés, en grande partie Rohingyas, qui dérivent depuis plus de deux mois. Leurs bateaux sont en perdition, abandonnés par l’équipage, refoulés par les pays de la région qui sont dépassés par les événements. « Mais quelquefois », écrit Libé, « un téléphone portable peut sauver des vies ». C’est ainsi qu’ils ont pu se faire connaître et raconter leur calvaire. Ils luttent contre la faim, la soif, les maladies qui se développent sur ces rafiots surchargés. Le jeune homme en photo tient dans ses mains quelques victuailles larguées par un hélicoptère thaïlandais. On n’arrive pas à voir s’il sourit ou s’il grimace.
Bons sentiments et politique
« Alerte rouge à la frontière franco-italienne » : c’est la Une du Figaro au sujet des nombreux autres migrants qui affluent vers l’Europe. Près de 1 000 clandestins ont été interpellés cette semaine dans la région de Nice. On voit plusieurs d’entre eux, apparemment venus d’Afrique, assis sur le trottoir devant la gare. D’autres tenter de prendre un train pour Paris. D’autres encore passent par les montagnes, entre l’Autriche et l’Italie. « Un jeu du chat et de la souris » avec la police. Quelques dizaines de passeurs ont été arrêtés. « Les mailles se resserrent », écrit Le Figaro qui critique ouvertement le plan présenté par la commission européenne. « Répartir les migrants en fonction de quotas est une mauvaise solution », juge Yves Thréard. « Cela risque de provoquer une nouvelle zizanie, aussi pitoyable qu’inutile, entre les gouvernements, qui vont tous tenter de s’affranchir de leurs promesses. La Grande-Bretagne, l’Irlande et le Danemark ont déjà refusé leurs concours. Seule la dissuasion est de mise », écrit Yves Thréard. « Les bons sentiments font rarement une bonne politique ».
Dans les bras de la mafia
Pour illustrer ce propos, on lira encore un reportage dans Le Monde à la frontière entre la Macédoine et la Serbie. Témoignage d’un jeune syrien, passé comme beaucoup de ces compatriotes par une île grecque. Il raconte comment il s’est fait attaquer avec ses amis. « La route change nos enfants, les rend plus durs mais aussi plus forts », explique un de ces syriens. Un bénévole qui leur vient en aide affirme : « l’Europe jette les réfugiés dans les bras de la mafia ».
Les «Mistral» démantelés
« Mistral perdants » : titre dans Libération, alors que c’est ce samedi qu’expire la date limite pour dénoncer la vente de ces navires de guerre, résilier le contrat passé avec Moscou, rompre l’accord du fait de son implication en Ukraine. Le journal s’interroge sur le milliard d’euros et même plus que la Russie réclame en forme d’indemnisation. Que faire aussi des navires qui patientent dans le port de Saint-Nazaire. « A qui les revendre ? » Sachant que les acheteurs ne sont pas légion, Libé évoque un démantèlement des Mistral. Une opération qualifiée de « coûteuse et peu flatteuse en terme d’images ».
« L’éthique et la morale ont un coût », confirme le quotidien L’Alsace. « Dans cette partie de poker menteur, la France a perdu une partie ». Même analyse dans L’Union, qui ne parle pas d’un bras de fer mais d’un « bras d’acier » avec le Kremlin. « Le pouvoir de nuisance de Vladimir Poutine est supérieur à celui de François Hollande ». A Paris, « on ne tient pas à ce que les succès récents, la vente des Rafale, soient torpillés » par cette affaire. « Les Mistral flottent sur une mer d’incertitudes ».
C’était mieux avant
Pour mieux savoir ce qu’il y a dans la tête des Russes, il faut lire un dossier dans La Croix : « Les secrets de l’âme russe ». Une société « mal comprise, qui cultive les paradoxes, un pays nouveau tourné vers l’Europe, et une Russie traditionnelle qui soutient Poutine ». Reportage à Perm, ville industrielle de l’Oural. Dans les haut-parleurs grésillants, un vieil orchestre à la gloire des vaillants travailleurs de l’URSS. « C’était mieux avant », dit un homme de 60 ans. Mais il y a aussi tous ces jeunes, ces étudiants, qui, diplôme en poche, rêvent de tenter leur chance à Moscou, Londres, Paris, ou New York. Un syndicaliste résume : « les tensions internationales passent après les préoccupations liées à la vie quotidienne ».
Bye bye King
Un visage et une guitare dans de nombreux journaux ce matin : BB King, la légende du Blues décédée à l’âge de 89 ans est rebaptisée « Bye Bye King ». Au lendemain de l’annonce de sa mort, une foule d’hommages pour ce musicien « à la main puissante et à la voix caressante », selon les mots de Libération. La guitare électrique, « prolongement naturel » des chorales gospel et d’une jeunesse dans les champs de coton. D’après L’Est Républicain, il « incarnait le blues jusqu’au bout de ses ongles et de son âme. Une véritable histoire du sud noir américain à lui tout seul ».