Mardi, au deuxième jour du procès, la procureure Julie Holveck a requis huit ans de prison à l’encontre de Gilles Le Guen. Ce Français de 60 ans, ancien de la Marine marchande, avait été arrêté au Mali en avril 2013 par les Forces spéciales françaises.
Accusé d’« association des malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » pour avoir rejoint al-Qaïda au Maghreb islamique, Gilles Le Guen est notamment accusé d’avoir participé à l’offensive des jihadistes de janvier 2013 au Mali, qui a débouché sur l’intervention française. Il est également apparu dans plusieurs vidéos de propagande d’Aqmi.
« Une participation multiforme et intensive », selon la procureure Julie Holveck, qui estime que Gilles Le Guen a « en toute connaissance de cause intégré une organisation terroriste ». La procureure a également enjoint les juges de ne pas se laisser abuser par « l’image romantique » présentée au cours du procès par le prévenu, estimant que Gilles Le Guen s’était constitué un « costume » a posteriori.
Des liens avec Aqmi « pas contestés »
En défense, Me Alexandre Verminck, répète pour sa part que son client n’était pas un fanatique. « Il y a clairement des liens avec Aqmi, qui ne sont absolument pas contestés, reconnaît l’avocat au micro de RFI. Mais en revanche il n’y a aucun élément qui montrerait que mon client se serait préparé ou aurait souhaité, dans un futur plus ou moins lointain, préparer des actes terroristes. »
Présentant Gilles Le Guen comme « quelqu’un d’indépendant », l’avocat affirme que s’il est « attaché à un islam rigoureux, à aucun moment il n’imposerait ses vues en matière de religion aux autres, y compris quand il était au Nord-Mali ». L’avocat affirme également que Gilles Le Guen a été « envoyé au cachot par Aqmi, parce qu’il avait osé s’en prendre publiquement à un imam qui ne respectait pas les femmes ».
« En termes de radicalisme, on est quand même loin de ce qu’on peut imaginer des cadres d’Aqmi ou de l’Etat islamiste. Pour lui, une femme qui ne voulait pas porter le voile intégral n’avait pas à le porter. Il l’a dit publiquement, il a été emprisonné », affirme encore Me Alexandre Verminck.
L’affaire a été mise en délibéré et Gilles Le Guen devrait être fixé sur son sort le 15 mai prochain.