Ce n'est pas un ralliement à la motion majoritaire de Jean-Christophe Cambadélis, mais la présentation d'une motion commune, durement négociée pour le congrès du Parti socialiste de Poitiers. C'est comme cela que Martine Aubry a annoncé cette nouvelle motion, qui sera présentée ce samedi dans la journée par le premier secrétaire du Parti socialiste. « Je préfère être dedans pour me battre de l'intérieur », a expliqué la maire de Lille.
Martine Aubry aura fait durer le suspense jusqu'au dernier moment, entre fronde et ralliement, mais elle prône ce soir le rassemblement en cette période difficile. « Le fond a primé et nous avons réussi à nous rassembler sur quelque chose qui répond surtout à l'attente des Français ».
L’ancienne ministre du Travail explique qu’elle a mis sur la table des points importants et que le premier secrétaire du PS a fait la même chose et qu’ils ont débattu sur chacun de ces points pour finalement avoir un texte commun. « Aujourd'hui, a poursuivi Martine Aubry, il nous reste deux ans et on doit tous être là pour essayer de réussir ensemble. Il va falloir discuter, réfléchir, peser. »
« Nous souhaitons tous beaucoup dans cette motion, a-t-elle relevé néanmoins en direction du gouvernement, que ce que nous avons appelé la nouvelle social-démocratie, c'est la conclusion de notre motion, soit reconnue en tant que telle. Nous considérons que le social-libéralisme se termine toujours par le libéralisme sans le social. Et qu'il faut continuer avec les réponses d'aujourd'hui à développer cette nouvelle démocratie. »
Ce ralliement, c'est tout un symbole puisque la maire de Lille, souvent critique à l'égard du gouvernement, détient les clés de ce congrès aux yeux de beaucoup. Nombreux sont ceux, au sein même du PS, à juger que son influence est importante.
Pari audacieux
Martine Aubry et Manuel Valls, signataires du même texte pour le congrès du Parti socialiste, il y a peu encore, cela semblait impossible. Depuis plusieurs mois, la maire de Lille a multiplié les critiques sur la politique économique du gouvernement allant même parfois jusqu’à s’en prendre directement à Manuel Valls. Jean-Christophe Cambadélis a donc relevé un pari audacieux en réussissant à la convaincre de s’associer au Premier ministre sur la motion qu’il défend.
Car Manuel Valls a lui aussi décidé aussi de s’engager lors de déplacement au Maroc et a expliqué, « je suis un militant », autrement dit, « je signe ». Pas question pour lui de se tenir à l’écart du congrès. Il est vrai qu’en annonçant cette semaine un plan d’investissements, Manuel Valls a pris sa part dans la réconciliation avec Martine Aubry. Un effort jugé pourtant insuffisant par certains frondeurs qui estiment qu’on a acheté la signature de la maire de Lille à vil prix.
La veille de l’annonce, Manuel Valls était lui confiant. Il a déclaré « Je suis dans la sérénité et le rassemblement », avant d’ajouter qu’il avait toujours eu un dialogue de bonne qualité avec Martine Aubry et qu’il fallait lui laisser le temps de prendre sa décision. Une bonne intuition ou plutôt l’assurance d’une négociation bien menée.