Il y avait beaucoup d’émotion dans cet endroit qui pourrait finalement correspondre à la définition de ce qu’on appelle un havre de paix : une ferme entourée de bois, de la nature, en hauteur, au-dessus du Rhône. Un « cadre admirable », comme l’a dit François Hollande : « Un cadre admirable où 44 enfants et leurs éducateurs furent raflés un matin d’avril 1944, c’était le début des vacances de Pâques ». Izieu fut en France, pendant longtemps, le symbole de la mémoire refoulée. Il a fallu le procès Barbie en 1987 pour que l’on en parle. 21 ans après la venue de François Mitterrand, François Hollande est donc à Izieu dans un contexte bien particulier.
Le chef de l’Etat évoque souvent le passé pour parler du présent : il a insisté sur le rôle de l’école dans la transmission de la mémoire et des valeurs. Izieu, qui accueille chaque année des centaines d’élèves, est « une école de mémoire », a dit le président. Il a évoqué les étudiants tués au Kenya, les minorités pourchassées, tuées en Irak, en Syrie, au Nigeria. « Les mêmes victimes, des enfants, des innocents », a rappelé François Hollande.
Il a aussi été question de l’actualité récente en France : les attentats de janvier dernier, le retour du racisme, de l’antisémitisme. « J’ai l’impression que beaucoup de Français doutent de la République et de l’Europe. Eh bien, le repli et le rejet sont des poisons mortels pour une nation, la France succomberait si elle y succombait », a déclaré François Hollande. Un message du président contre l’indifférence qui s’est conclu à un grand appel à la fraternité. Un appel, de toute évidence, encore nécessaire aujourd’hui.