En marge du bilan sur la sécurisation de l’emploi au ministère du Travail, les partenaires sociaux ont réagi ce samedi matin aux annonces délivrées la veille par François Hollande, et notamment à la création d’un fonds d’investissement d’un demi-milliard d’euros créé par les assureurs et destiné à soutenir les entreprises. Le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, affirme n’avoir pas eu connaissance de cette proposition avant qu’elle ne soit annoncée.
« Le président de la République serait inspiré s’il consultait, dit-il, plutôt que de lancer des idées sans consulter auparavant. Ce serait bien s’il allait un peu plus loin dans sa réflexion et qu’il dit : on pourrait aider les entreprises à investir, on va recycler le CICE (Crédit impôt pour la compétitivité et l’emploi, ndlr) et le pacte de responsabilité, et on va faire des aides ciblées sur les investissements nécessaires. Ça, ce serait intelligent. »
Pour le patronat, au contraire, tout ce qui peut soutenir l’économie est bienvenu. « On voit bien que la croissance, dans un pays comme le nôtre, est liée très fortement à la reprise de l’investissement », juge ainsi Jean-François Pilliard, vice-président du Medef. « C’est ça qui nous manque aujourd’hui. On voit une légère reprise de la consommation, mais la consommation se fait largement en faveur, finalement, des produits importés. Il y a une reconstitution des marges, en particulier dans l’industrie, qui va dans le bon sens, du fait de l’application du CICE. Toute mesure qui va dans la relance de l’investissement accompagne la croissance. »
Signes d'une reprise relative, mais investissements en berne
Le CICE et le pacte de responsabilité, deux dispositifs qui prévoyaient des baisses de charges et de cotisations sociales pour les entreprises en échange d’embauches. Mais pour l’instant, ces dispositifs n’ont pas permis de réelles créations d’emplois. Les mesures annoncées vendredi 3 avril par François Hollande seront précisées lors du prochain Conseil des ministres. Si l'Insee perçoit une reprise de l'activité en France, reprise qui laisse espérer un taux de croissance meilleur que prévu, l’institut souligne aussi, bémol de taille, que les investissements restent à la traine, alors même que les entreprises ont nettement redressé leurs marges.
Or, selon l'adage, les investissements d'aujourd'hui sont les emplois de demain. Une perspective que le gouvernement ne peut que prendre en compte, avec un taux de chômage qui continue de progresser. Le président de la République, en faisant porter l'effort sur la relance par l'investissement, espère bien donner un coup de pouce supplémentaire à la croissance qui, à son tour, créera de l'emploi. Une politique volontariste, dans un pays où, comme le rappelle l'Insee, c'est plutôt la consommation qui est le moteur traditionnel de la croissance, l'investissement ayant plutôt tendance à suivre avec un délai de quelques mois.