Le projet de loi, préparé par deux députés, Alain Claeys du PS et Jean Leonetti de l’UMP, est censé améliorer l’actuelle loi sur la fin de vie, datant de 2005 et rédigée par le même Jean Leonetti. Soutenu par le président de la République, le texte se veut consensuel. Pourtant, il est loin de susciter l’unanimité.
Alain Claeys et Jean Leonetti veulent que les droits du patient soient à l’avenir au centre de toutes les décisions relatives à la fin de vie. Ainsi, si leur projet de loi est adopté, toute personne souffrant d’une maladie grave et incurable et dont les jours sont comptés aura le droit de demander à être endormie à l’aide des sédatifs puissants pour mourir ensuite dans son sommeil.
Sédation profonde
Cette sédation profonde pourra s’appliquer aussi aux patients qui ne sont pas en état de s’exprimer, mais qui se trouvent en situation d’acharnement thérapeutique. La deuxième avancée concerne les volontés que chacun a le droit de rédiger à l’avance pour sa fin de vie. Jusqu’à présent, ces directives anticipées n’étaient que consultatives. Désormais, elles devraient s’imposer aux médecins.
Le nouveau projet de loi n’évoque ni l’euthanasie ni le suicide assisté. Il n'est donc pas étonnant qu'il provoque le mécontentement des partisans de ces deux formes d’assistance médicalisée à mourir. Mais il suscite aussi l’inquiétude des mouvements pro-vie, selon lesquels derrière la sédation profonde se cache en réalité une euthanasie qui ne dit pas son nom.
Inquiétude des communautés religieuses
Un avis non loin d’être partagé par de nombreuses communautés religieuses, le texte ayant déjà réussi à faire parler d’une seule voix des dignitaires religieux chrétiens, musulmans et juifs. Cinq dignitaires de ces religions: Philippe Barbarin l’archevêque de Lyon ; François Clavairoly, président de la Fédération protestante ; Monseigneur Emmanuel le président des évêques orthodoxes ; Haïm Korsia le grand rabbin de France et Mohammed Moussaoui le président de l’Union de Mosquées de France, se sont ainsi exprimés ensemble dans le quotidien Le Monde pour expliquer leur opposition à ce texte et leurs inquiétudes.
Pour eux, ce nouveau débat sur la fin de vie risque d’ajouter de la confusion dans une période déjà difficile, « secouée par des crises à répétition ». Leur crainte est que le texte soit équivoque, détourné, et qu’il conduise à générer la mort de personnes sans défense. Pour les dignitaires, la démocratie ne peut que souffrir à vouloir ainsi légiférer sur la vie et la mort, alors que la France a déjà la loi Leonetti de 2005 qui interdit l’acharnement thérapeutique.
Ils rappellent d'ailleurs que le Conseil de l'Europe condamne l'euthanasie, et demandent enfin dans cette lettre ouverte que les personnes en fin de vie soit certes accompagnées, mais qu’elle soit clairement protégée par je cite « l’interdit de tuer ».
Le vote solennel de la loi à l’Assemblée nationale est prévu le 17 mars.
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