Comme souvent avec Christiane Taubira, la réplique est tout à la fois fleurie et cinglante : « Je trouverais pitoyable que malgré son jeune âge, peut-être même du fait de son jeune âge, sans doute à cause de la déliquescence de son parti, il en soit contraint à tenir des propos qui ne sont pas éclairés par un idéal républicain (…). Et que son propos à lui soit au contraire assombri par une espèce de trépidation envieuse vis-à-vis d’un parti politique qui de toute façon est plus doué que le sien pour susciter et pour ramasser tous les mécontentements et toutes les fureurs. Alors moi je trouverais ça pitoyable, si j’avais de la pitié à gaspiller, ce n’est pas le cas pour ce monsieur. »
La passe d’arme entre la ministre de la Justice et le maire de Tourcoing, Gérald Darmanin, a fait tâche d’huile, contaminant les familles de chacun. C'est un grand classique de la vie politique française. Après l'échange d'insultes, chaque camp surjoue l'offense, sans rien lâcher sur le fond. Alors que le chef des députés UMP Christian Jacob juge « ignobles » les propos de Christiane Taubira, la gauche tire à boulets rouges contre « le dérapage » de Gérald Darmanin. « Une honte » martèle notamment la député socialiste Sophie Dessus.
« C’est une honte par rapport à Mme Taubira qui est une femme qu’on ne peut qu’admirer. Et oser sortir ce genre de chose quand on est un porte-parole d’un parti politique ou quand on l’a été, c’est une honte », s’indigne-t-elle.
Mais rien à faire, la droite n'en démord pas et affiche, à l’instar du porte-parole de l'UMP Sébastien Hyughe un soutien total à Gérald Darmanin. « Il faut que Mme Taubira s’habitue au fait que l’opposition puisse critiquer la politique qui est menée. Le désarmement pénal qui est mis en place par Mme Taubira fait monter, comme l’a dit Gérald Darmanin à raison, le vote pour le Front national. »
A trois semaines des élections départementales, chacun joue donc camp contre camp. Des dérapages verbaux orchestrés, sans doute, pour tenter de mobiliser leur électorat respectif, au grand dam du député socialiste Laurent Baumel.
« C’est sûr que des propos qui attaquent les personnes de manière extrêmement violente ne sont plus acceptables dans une démocratie apaisée comme la nôtre », affirme l’élu.
Un avis partagé par un ancien ministre de Nicolas Sarkozy qui estime que cela risque « encore de faire le jeu du Front national ».