Elections locales en France: le FN, cible de la majorité et de l’UMP

A trois semaines du premier tour des élections départementales, la campagne s’accélère. Le gouvernement, par la voix de Manuel Valls, a ciblé un adversaire principal, l’extrême droite.

Le Front national est le principal adversaire de la gauche, a dit le Premier ministre Manuel Valls, en meeting dans le département de l’Aude jeudi. Mais pas seulement de la gauche. L’extrême droite est aussi, selon lui, l’adversaire principal « du pays » car le FN « n’aime pas la République et sème le poison de la division et du racisme ».

Le Premier ministre a ensuite appelé les électeurs de gauche et tous les républicains à faire battre le Front national dans chaque canton lors des élections locales du mois de mars pour, a-t-il ajouté, « faire vivre les valeurs de la République ». Déjà lundi, au Salon de l’Agriculture, Manuel Valls avait mis en garde contre le vote FN. François Hollande avait fait de même deux jours auparavant.

Rassembler la gauche

Si le couple exécutif s’en prend autant au Front national, c’est que, selon les dernières enquêtes, le parti d’extrême droite est donné en tête des intentions de vote pour les élections locales. Même si le résultat de ces enquêtes est à prendre avec des pincettes, car elles ne prennent pas en considération les particularismes locaux. Néanmoins, ces sondages traduisent une chose : le FN a le vent en poupe, et à ce jour, il semble bien parti pour remporter des dizaines de sièges, voire deux ou trois départements, le mois prochain.

Du coup, si la majorité multiplie les attaques contre le Front national, c'est probablement dans l'objectif de rassembler la gauche à l’heure où celle-ci n’a jamais paru autant divisée et de tenter de la mobiliser contre un adversaire commun, l’extrême droite. La technique a déjà fonctionné par le passé. Pas sûr qu’elle marche cette fois-ci, étant donnés les mauvais résultats du gouvernement en matière économique.

Vers un vote sanction ?

Ainsi, selon un sondage paru cette semaine, 40 % des électeurs ont l’intention de sanctionner la politique du président de la République et du gouvernement à l'occasion de ces élections.

Le gouvernement n'est pas le seul à cibler le Front national. L'UMP fait pareil. « Ne croyez pas au miroir aux alouettes que le Front national est en train de brandir devant le monde rural », a mis en garde Alain Juppé mardi au Salon de l’Agriculture. Le lendemain, Nicolas Sarkozy en rajoutait une couche : Marine Le Pen, « c'est un symptôme, pas une solution (…). Le symptôme d'une grande angoisse qui peut se transformer en colère. »

Crainte d'instabilité dans les départements

Marine Le Pen est au centre des débats cette semaine. A tel point que la présidente du FN a ironisé, jeudi, en évoquant la « panique » du personnel politique face au FN. A l'UMP, la crainte, c'est de se retrouver dans beaucoup d'endroits en duel face au FN. Question : comment se comportera alors l'électorat de gauche ? A droite, certains ont peur que cet électorat soit tenté de sanctionner l’UMP s'il reste sur sa position du ni-ni, ni FN ni PS, lors des confrontations entre ces deux derniers partis.

Autre motif d'inquiétude : le troisième tour de scrutin. En clair, l'élection des présidents dans les départements. Le FN pourrait là démontrer son pouvoir de nuisance. Bref, à droite comme à gauche, on craint ouvertement que la formation d’extrême droite vienne créer de l'instabilité au sein des départements. Voilà pourquoi UMP et PS ont décidé de l'attaquer frontalement... mais séparément.

→ A relire: 2014, l'année Le Pen

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