Vente du Rafale à l'Egypte: les réactions de la classe politique

La classe politique française s'est globalement réjouie de ce contrat de vente de 24 Rafale à l'Egypte. Mais certaines voix dissonnantes ont émis quelques réserves.

« Une avancée fondamentale » pour le Premier ministre Manuel Valls, « un grand succès industriel » aux yeux d’Harlem Désir, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes : vendredi, le gouvernement a multiplié les superlatifs pour commenter cette vente de 24 rafales à l'Egypte, une première à l’étranger. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, n'a pas non plus caché sa satisfaction :

« C'est la première fois qu'on vend des Rafale à l'extérieur. C'est un gros marché, qui va donner pas mal d'emplois, et en même temps, ça nous donne des perspectives sur d'autres ventes et j'espère à d'autres pays. On y travaille beaucoup. On y travaille beaucoup avec le ministre de la Défense. C'est une bonne chose. L'Egypte a un besoin important d'avions de grande qualité et joue un rôle de stabilité dans cette région. Ils en avaient besoin rapidement, ce qui explique que les choses ont été faites plus rapidement que d'ordinaire, alors que ce sont des marchés qui parfois prennent des dizaines d'années. »

Grincements de dents dans l'opposition

Cette vente représente donc un succès indéniable pour François Hollande. Ce qui n'est pas sans embarrasser l’UMP. La rare personne à droite à s’exprimer sur le sujet a été l’ancien ministre de la Défense, Gérard Longuet, qui y a vu la victoire de la persévérance : « Cette victoire est réjouissante, mais elle est le résultat de trente années de promotion. »

Du côté du parti écologique des Verts, les mots se font moins tendres. « Trente ans pour vendre 24 Rafales, c’est un ratage industriel », a jugé Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d’Europe Ecologie - Les Verts. Le parti écologiste est la seule voix dissonante dans ce concert de louanges. « Il y a une sorte d'incongruité à voir le président de la République et Mme Merkel contribuer à une paix fragile entre l'Ukraine et la Russie, et le lendemain, entendre ce même président de la République se féliciter d'avoir vendu 24 Rafale à un dictateur dans une région qui est déjà une poudrière », explications du député Noël Mamère.

Au parti socialiste, on ne voit pas les choses de la même façon. « Ces rafales permettront surtout à l’Egypte de se défendre », explique Carlos Da Silva, l’un porte-parole du PS, qui salue dans ce dossier la victoire de la diplomatie française et du président.

Le Rafale, le fil d'Ariane présidentiel

Ce dernier voit déjà plus loin. Il a estimé jeudi à Bruxelles que ce contrat de vente d'avions Rafale à l'Egypte pourrait constituer « un élément de conviction supplémentaire » pour des contrats avec d'autres pays, évoquant « plusieurs pistes » - Inde, Qatar. Le président a donc obtenu le contrat que Nicolas Sarkozy avait espéré tout au long de son quinquennat.

L’épisode reste un souvenir cuisant pour l'ancien chef de l'Etat. En septembre 2009, un aller-retour éclair au Brésil aboutit avec l’annonce avec tambours et trompettes d’un accord imminent. Sauf qu’en fait rien n’est réglé.

Alors, même si le président a été aidé par les circonstances - l'Egypte n'a jamais mis le Rafale en concurrence avec d'autres appareils -, ce contrat est surtout pour l'Elysée, la conséquence de la méthode Hollande. Un chef de l’Etat qui tisse des liens personnels avec tous ses homologues : « lui ne fait pas de faux pas », insiste-t-on. Un conseiller précise : « quand on est arrivé au pouvoir en 2012, la France était brouillée avec beaucoup de pays : la Colombie, le Mexique, l'Algérie, la Turquie ».

Aujourd'hui, la France sait tenir son rang. Tous les présidents ont tenté de vendre l’avion de la société Dassault. François Hollande lui-même avait ironisé sur ce rôle de VRP en juin 2013. C'était au salon aéronautique du Bourget. Serge Dassault trébuche, François Hollande le retient et s'amuse : « c’est l’Etat qui soutient Dassault. Comme toujours. »

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