Avec notre envoyée spéciale, Anissa el-Jabri
Une île à fleur d'eau. Au centre, une église en bois bleu ciel, et sur les côtes, ça et là, des maisons colorées à portée de vague. Des habitations à peine au-dessus du niveau de la mer aujourd’hui, potentiellement submergées en 2050. Les effets du réchauffement climatique se font déjà sentir. Francesca Ditchiverri, 50 ans, Miquelonnaise de toujours, les connait bien : « Ça change, il y a beaucoup d’érosion, confirme-t-elle. Avant, il y avait une route qui passait, maintenant, elle n’existe plus, parce que la mer l’a mangée. On voit que les arbres sont tombés, etc. »
Sous quelques flocons de neige, François Hollande fait quelques pas sur les landes en hauteur de l’île. Constater les dégâts, c’est aussi pour le président faire œuvre de pédagogie, à moins d’un an de la Conférence sur le climat à paris. « On parle beaucoup du réchauffement climatique, explique François Hollande, ça apparait comme une évocation essentiellement abstraite pour beaucoup de nos compatriotes, et il est très important de montrer que la France qui va organiser le sommet, est directement concernée. »
Incarner le combat pour le climat sur le terrain, c’est aussi pour François Hollande préparer sa séquence politique de l’année qui vient. 2015, deux claques électorales qui s’annoncent, puis le sommet international pour le climat. Mobiliser l’opinion, puis emporter un succès diplomatique, ce serait, espère l’Elysée, un moyen de rebondir.
■ Loin de Paris, le président fait le bilan
2014, « année paradoxale », dit François Hollande. Une année difficile pour les Français, car la croissance n'est pas revenue, et difficile pour la majorité présidentielle, avec des élections perdues. Mais le président est fier de son bilan, et notamment du pacte de responsabilité, si contesté à gauche. François Hollande veut le croire : sa capacité à tenir est désormais démontrée. Alors, peu importe pour lui les claques électorales qui s'annoncent en 2015. Peu importe aussi le congrès du PS, qui s'annonce houleux en juin.
A cette occasion, les socialistes pourraient s'affronter sur sa politique. Très sec, le chef de l'Etat clôt d'avance le débat : « Ce n'est pas le PS qui va me dire ce que j'ai à faire. » Message du président aux socialistes démobilisés ou en colère. « Le contexte politique a changé, 2017 approche, on est maintenant dans la phase de reconquête. Vous ne donnez pas de coup quand vous encaissez, vous ne gagnez pas de match. Il faut gagner le match. » Message également adressé à ceux qui, dans son camp, doutent de sa capacité à se représenter : François Hollande a bien l'intention de ne pas se laisser doubler.
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