Avec notre envoyée spéciale à l’Elysée, Agnès Rougier
Ce sont des discours engagés qui ont été entendus, lors du lancement de la conférence environnementale, et les ONG espèrent qu’ils seront suivis d’effet.
Dans son discours, François Hollande a insisté sur la nécessité de faire évoluer la fiscalité écologique mais l’abandon récent de l’écotaxe poids lourds n’a pas été évoqué.
Au titre des bonnes nouvelles, le président de la République a annoncé la création d’un fonds de financement de la transition énergétique d’un milliard et demi sur trois ans, ainsi que la fin à venir des subventions aux énergies fossiles.
A l’ouverture, Ségolène Royal a évoqué la mobilisation de l’énergie pour vaincre les obscurantismes et surmonter les blocages. Pour la ministre de l’Ecologie, ce défi climatique est aussi une chance à saisir pour le développement d’une croissance verte.
L’astrophysicien Hubert Reeves, engagé depuis plus de quarante ans dans la défense de l’environnement, a dit ensuite son inquiétude face à un combat qui demande une détermination sans faille et des objectifs vraiment concrets pour sauver la planète.
La prise de conscience s’accélère
Pour le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, également maître de cérémonies à la conférence sur le climat en 2015 à Paris, les climato-sceptiques sont de moins en moins nombreux et la prise de conscience s’accélère. Il a cité le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, affirmant qu'il n’y a pas de « plan B », parce qu’il n’y a pas de « planète B ». Bref, il faut réussir.
Jean Jouzel, climatologue, vice-président du groupe intergouvernemental des experts sur le climat, insistait sur le fait que si l’on veut vraiment limiter le réchauffement à 2°C maximum, il ne faudra pas consommer plus de 80% des stocks d’énergie fossile actuellement connus.
Participation citoyenne
François Hollande a évoqué le drame du barrage de Sivens, qui pose pour lui le problème majeur de la participation citoyenne au débat. Il a quand même insisté très fortement sur le message que la France doit porter et qui doit être exemplaire dans le domaine environnemental.
Enfin, le président a affirmé : « A un moment, il faut aussi laisser sa trace, et la trace que nous allons laisser tous ensemble, c'est un accord historique sur le climat. » Il a voulu convaincre, aujourd’hui, qu’il est écologiste depuis toujours, mais les ONG ont du mal à y croire tant que les actes ne seront effectifs.
■ Extrait du discours de François Hollande
« C’est la troisième conférence environnementale. C’est la première fois qu’elle se tient ici à l’Elysée. Et elle marque donc la volonté qui est la mienne, qui est celle de l’Etat, de faire de l’environnement, non pas simplement une cause nationale, mais un enjeu européen et mondial.
C’est la tradition de la France de porter un message universel. Longtemps, elle a pensé que c’était sur les droits de l’homme, les droits économiques, qu’elle pouvait faire entendre sa voix. Aujourd’hui, consciente des risques, des menaces, la France se veut exemplaire. Ce n’est pas toujours facile d’être exemplaire. Donc, il faut en apporter la démonstration.
Cette conférence se situe dans la perspective d’un rendez-vous, d’un rendez-vous majeur pour la planète, celui de décembre 2015. C’est à la fois pour la France un enjeu d’accueil, le ministre des Affaires étrangères l’a dit, mais c’est aussi un enjeu de négociations et de conviction. »
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