Fillon a-t-il sollicité l'Elysée pour contrer le retour de Sarkozy?

François Fillon a-t-il demandé à l’Elysée d’accélérer le cours de la justice pour éliminer Nicolas Sarkozy de la présidentielle de 2017 ? C’est ce qu’affirment deux journalistes du quotidien Le Monde dans un livre sorti cette semaine, intitulé «Sarko s’est tuer». Une information démentie dès jeudi à la fois par François Fillon et par Jean-Pierre Jouyet, mais confirmée ce samedi après-midi par Le Monde, qui publie l’enregistrement du témoignage du secrétaire général de l’Elysée.

Nous sommes le 24 juin dernier, en pleine tempête Bygmalion à l’UMP. François Fillon sollicite alors un déjeuner avec son ancien secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, l’ami intime de François Hollande, devenu secrétaire général de l’Elysée. Selon lui, François Fillon a une obsession : le retour politique de Nicolas Sarkozy, et l’affaire des comptes de campagne de 2012, rejetés par le Conseil constitutionnel. C’était au candidat en personne de payer les 360 000 euros d’amende, mais c’est l’UMP qui s’en est chargé.

Une information judiciaire a été d’ailleurs ouverte à l’automne 2013 pour « abus de confiance ». Mais pour François Fillon, les choses ne vont visiblement pas assez vite. « Mais tapez vite, demande-t-il à Jean-Pïerre Jouyet, tapez vite pour lui casser les pattes avant son retour ». Une supplique dont le secrétaire général de l’Elysée fait état à François Hollande – qui ne bougera pas – la justice est indépendante. Il n’y a pas de cabinet noir à l’Elysée.

« On cherche à démolir François Fillon »

Après un premier démenti vendredi, François Fillon est passé à la vitesse supérieure avec ce samedi une plainte en diffamation contre Le Monde et ses deux journalistes, ainsi qu'avec une conférence de presse improvisée de son porte-parole, le député UMP Jérôme Chartier.

« C'est ni sa morale, ni sa façon d'agir en politique, il gêne, peut-être gêne-t-il au sein de sa famille politique, je ne sais pas, peut-être gêne-t-il au sein de la majorité, je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est qu'aujourd'hui à plusieurs reprises on cherche à le salir, à le démolir, on cherche à l'accuser de tous les maux ».

François Fillon joue la victimisation, alors qu'à droite, depuis quelques mois, il est marginalisé par le match Sarkozy-Juppé. Dans cette histoire, c'est un peu sa parole contre celle de Jean-Pierre Jouyet. Les révélations du Monde sont désastreuses pour lui car le voilà désormais, malgré ses démentis, soupçonné de pactiser avec l’ennemi pour éliminer un rival. Le secrétaire général de l'Elysée doit aussi des explications : pourquoi a-t-il démenti jeudi la version qu'il livrait en septembre aux journalistes du Monde ? Ce soir, du côté de l'Elysée, c'est le silence absolu. Un silence, de toute évidence, bien embarrassé.

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