La trêve hivernale, mesure obtenue par l’abbé Pierre après le rigoureux hiver 54, est un répit. Mais comme le rappelle Benoît Filippi du Réseau Stop aux expulsions (Resel), il ne s'agit que d'un répit d’à peine cinq mois. « N’oublions pas que les expulsions ont lieu tous les jours devant les tribunaux, l’été comme l’hiver. Ce qui est suspendu, c’est l’exécution forcée par le préfet d’une mesure d’expulsion. »
En dix ans, le nombre de ces expulsions menées avec le concours de la police a doublé. Les chiffres concernant les procédures judiciaires sont aussi en augmentation. « La dernière année connue, 2013, on chiffre une augmentation de 12 % par rapport aux chiffres antérieurs et qui est de 162 000 convocations devant le juge. Or, une grande partie des locataires congédiés s’en vont en pensant qu’ils n’ont pas le droit d’attendre la décision judiciaire, craignant qu’elle soit défavorable », explique Benoît Filippi.
Et la crise n’épargne plus personne. « C’est le télescopage entre le logement trop cher et la précarité des revenus de certaines couches populaires qui en souffre, y compris dans les loyers HLM qui sont devenus beaucoup trop cher, mais surtout dans le secteur privé qui flambe, et du coup ce sont les classes moyennes qui n’arrivent plus à se loger ».
Selon les associations, plus de 10 millions de Français souffrent aujourd’hui du mal-logement, soit parce qu’ils sont sans domicile, soit parce qu’ils vivent dans des logements insalubres, soit parce qu’ils ne disposent pas de confort minimum.