Avec nos envoyées spéciales à La Rochelle, Anissa El Jabri et Valérie Gas
Pour faire face à la chute du marché de l'immobilier, le gouvernement a présenté, vendredi 29 août, un nouveau plan de relance en faveur du logement. Objectif de ce train de mesures, lancé en pleine université d'été : faire repartir le marché de la construction. Pour ce faire, l'exécutif entend libérer du foncier, favoriser l'investissement dans la pierre et simplifier les normes de construction. Le tout, en écornant au passage l'une des mesures phares de la loi ALUR (accès au logement et un urbanisme rénové) de Cécile Duflot, à savoir l'encadrement des loyers.
Sur cette décision se joue désormais, aussi, le « match » entre Manuel Valls et les frondeurs à La Rochelle. « Pragmatisme », tel est ainsi, plus que jamais, le mot-clé répété en boucle par les proches du chef du gouvernement (et cela vaut aussi pour la politique économique de l'exécutif). Pour le sénateur Luc Carvounas, il faut en effet s'adapter. Il explique : « Il n'y a rien de choquant que d'avoir envie de trouver un moyen de loger le plus grand nombre de nos concitoyens. Il faut arrêter de se cacher derrière des dogmes et des principes. J'espère qu'encore une fois, certains de mes amis ne vont pas aller chercher je ne sais quel anathème pour essayer de démontrer le contraire en brandissant de grands épouvantails de gauche. »
Lancement programmé d'un nouveau courant au PS
Le blocage des loyers, c'est pourtant un engagement de campagne de la dernière présidentielle, rappellent les frondeurs. Et c'est aussi une nécessité pour les Français modestes, disent-ils. Choqués sur le fond, ils le sont aussi sur le timing, à croire le député Christian Paul : « Ça vient lors d'une semaine où l'on constate que l'on balaie beaucoup trop vite beaucoup d'engagements, beaucoup de décisions qui ont été prises, avant même qu'elles soient d'ailleurs réellement appliquées. C'est dangereux sur le fond, et ça n'est pas démocratique sur la méthode. »
Rendez-vous est pris pour le vote au Parlement, disent les frondeurs. En attendant, à La Rochelle, ils se comptent et espèrent montrer leurs muscles avec un grand rassemblement ce samedi, pour lancer un nouveau courant, « Vive la gauche ! » Ils sont arrivés sur place très remontés, après l'éviction d'Arnaud Montebourg, suivie de propos hors cadre de son successeur à Bercy, Emmanuel Macron, qui a remis en cause les 35 heures - véritable totem de la gauche - puis d'une déclaration d'amour sans précédent du Premier ministre socialiste devant le Medef.
Cambadélis défend l'idée d'un « nouveau progressisme »
Dans cette ambiance sensiblement électrique à La Rochelle, en l'absence de Martine Aubry, Jean-Marc Ayrault, Ségolène Royal et Emmanuel Macron, le premier secrétaire du PS joue les équilibristes. Jean-Christophe Cambadélis, particulièrement gâté pour sa première université d'été à la tête des socialistes, a prononcé ce vendredi un discours d'ouverture qui se voulait rassembleur, histoire d'apaiser les esprits. Il s'est notamment adressé aux réfractaires de son parti, rappelant que le débat est dans l'ADN de son mouvement politique, et les appelant néanmoins à l'exemplarité, à la fraternité et à l'écoute. En somme, il demande à ses ouailles de ne pas se braquer les unes contre les autres.
Jean-Christophe Cambadélis a un objectif : éviter que l'université d'été ne vire au pugilat entre les sensibilités du PS et le gouvernement. Il a fixé un cap : retrouver le chemin des idées, débattre dans le cadre des états généraux qu'il lance à La Rochelle sur l'identité du Parti socialiste. Ce débat doit permettre de définir ce qu'il appelle le « nouveau progressisme », que le parti devra défendre, en apportant une réponse à ce qu'il a nommé une « double dictature », celle de l'argent et de l'urgence. Des mots qui répondent à ceux qui dénoncent le fameux virage social-libéral du gouvernement. Car le social-libéralisme, a redit le premier des socialistes français, n'est ni le langage, ni la culture, ni la tradition du PS.