Pour Tracfin, l'organisme français de lutte contre la fraude fiscale, les seuls revenus officiels du couple Balkany « ne sauraient justifier » la détention de leur patrimoine. Au coeur des soupçons de la justice : deux villas régulièrement occupées par les époux. L'une se trouve à Saint-Martin aux Antilles, l'autre à Marrakech au Maroc.
Ces deux villas appartiendraient donc au député-maire de Levallois-Perret et à son épouse, qui est également sa première adjointe. Le couple pourrait détenir ces propriétés de façon directe ou indirecte. En effet, Tracfin a repéré plusieurs sociétés-écrans qui seraient détenues par les Balkany.
« Un schéma sophistiqué de fraude »
Le couple possèderait également plusieurs comptes offshore sur lesquels Patrick Balkany se serait fait rémunérer un certain nombre de services rendus pendant la présidence de Nicolas Sarkozy. Son amitié avec l'ancien chef de l'Etat lui avait permis d'oeuvrer comme intermédiaire dans des contrats commerciaux signés entre des entrepreneurs européens et des pays africains. En se faisant payer sur des comptes à l'étranger, Patrick Balkany aurait dissimulé une partie de ses revenus aux services fiscaux français.
Selon le journal Le Monde, Tracfin a rédigé plusieurs notes à ce sujet qui ont été transmises aux deux juges d'instruction en charge du dossier. Ces notes révèleraient « un schéma sophistiqué de fraude » visant à dissimuler l'origine de certains revenus et le bénéficiaire effectif de certains biens.
Un homme au passé sulfureux
Patrick Balkany a beau se présenter comme « l’homme le plus honnête du monde », son goût prononcé pour l’argent, pourrait bien cette fois lui coûter très cher. Entré en politique en 1976, ce fils d’immigré va grimper les échelons un à un, de simple maire à député. A ses côtés, son épouse, Isabelle, joue un rôle essentiel.
Dans ce département des Hauts-de-Seine, un certain Nicolas Sarkozy suit exactement la même trajectoire que lui. De là, va naître une amitié indéfectible. Et les condamnations judiciaires n’y changeront rien.
En 1996, le maire de Levallois-Perret écope de deux ans d’inéligibilité et d’une peine de prison avec sursis pour avoir fait entretenir ses deux résidences par des employés municipaux. Pour se faire oublier, il quitte l’Hexagone direction les Caraïbes. Mais à son retour, à la fin des années 1990, cet ancien acteur replonge dans la politique. Réélu maire, il est à nouveau pointé du doigt. En cause notamment, ses pratiques clientélistes et sa gestion de Levallois-Perret, cette ville des Hauts-de-Seine, dans la banlieue parisienne, devenant une des communes les plus endettées de France.
Ce nouvel écueil ne l’empêche pas d’apparaître avec son épouse toujours plus proche de Nicolas Sarkozy. A tel point que l’ancien président lui confie, entre 2007 et 2012, des missions secrètes en Afrique. Des missions au cours desquelles la justice le soupçonne donc d'avoir gagné beaucoup d’argent.