Avec notre envoyé spécial à Luxembourg, Guilhem Delteil
Pour les pays occidentaux, la réponse à la menace que représente un groupe tel que l’organisation Etat islamique passe par la force - les frappes aériennes -, par un soutien politique au gouvernement irakien et à l’opposition syrienne, par une action économique pour tenter d’assécher les finances de l’organisation, mais aussi par un combat idéologique. Et c’est dans cette dernière perspective que les ministres de l’Intérieur des 28 pays membres de l'UE voulaient renforcer leur coopération avec les grands acteurs d'Internet.
Des acteurs discrets
Sur la Toile, se relaient en effet des vidéos et des textes de propagande, des appels à la haine et à la violence, qui touchent un certain nombre de personnes, souvent en quête de repères. Mercredi 8 octobre, une première réunion entre les ministres et les acteurs du Net, à l’initiative de la commissaire européenne aux Affaires intérieures, n’a abouti à aucune véritable annonce concrète ; plutôt de simples engagements de la part des géants du secteur à mieux contrôler les contenus mis en ligne par leur intermédiaire.
Sans pour autant espérer benoîtement que les contenus illégaux vont disparaître dans leur totalité, les Européens veulent y voir un premier signe de bonne volonté, de la part d’acteurs qui se sont toujours montrés très discrets sur ces problématiques. D'autant qu'elles sont complexes, notamment sur le plan technique. Faire la chasse aux vidéos d’exécution d’otages, aux appels à la haine et à la violence, c’est donc un travail de longue haleine.
Marge de manœuvre
Selon le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, la difficulté tient aussi à la multiplicité des sites. « Je ne crois pas que le but soit d'enlever d'Internet 100% de ce qui est illégal, relate-t-il. Ce serait idéal, mais je pense que c'est une illusion. On a bien vu qu'un groupe comme l'organisation de l'Etat islamique a commencé sur Twitter. Twitter a fermé pas mal de comptes, ils sont passés sur un autre réseau, qui a fait la même chose. Puis ils sont passés sur un réseau russe... »
Pour Bernard Cazeneuve, les entreprises ont pour autant, en la matière, une vraie marge de manœuvre, ainsi qu'un devoir. « C'est leur responsabilité que d'être responsables (sic), assure le ministre français. Et par conséquent, ces moyens technologiques, ils les mobilisent déjà. Mais ils peuvent appeler des renforts en ingénieurs, ils peuvent aussi appeler le développement de logiciels ou de moyens qui prennent du temps. »
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