Paris soutient le principe d’une zone tampon entre Syrie et Turquie

François Hollande soutient la proposition turque de créer une zone tampon entre la Turquie et la Syrie. Il s'est entretenu par téléphone avec son homologue Recep Tayyip Erdogan. Londres et Washington se disent prêts à en discuter. Cette zone permettrait l'accueil des personnes déplacées par les combats dans le nord de la Syrie, où s'affrontent milices kurdes et jihadistes de l'Etat islamique.

François Hollande motive sa décision par « la nécessité d'éviter le massacre des populations au nord de la Syrie ». Il apporte donc son soutien à l'idée avancée par le président Erdogan « de créer une zone tampon entre la Syrie et la Turquie »

Le président turc a proposé plusieurs fois d'instaurer une zone tampon et également une zone d'exclusion aérienne dans le nord de la Syrie pour protéger les secteurs tenus par l'opposition modérée au président syrien Bachar el-Assad et les populations qui fuient la guerre civile dans leur pays. Les réfugiés en Turquie sont à présent quelque 200 000.

La fin du rêve kurde

La proposition turque revient à faire d'Ankara le maître du destin des Kurdes de Syrie puisqu'en plus de se battre seuls dans cette région contre les partisans de l'organisation Etat islamique, les Kurdes seront régis dorénavant par le gouvernement d'Ankara. « Les Kurdes syriens vont être confortés dans leur sentiment qu’ils sont abandonnés par la communauté internationale et que, faute de mieux, on refile le dossier à la Turquie qui ne demandait pas mieux de créer une zone tampon à sa frontière avec la Syrie, incluant notamment les régions peuplées de Kurdes qui étaient jusqu’à maintenant gérées par les Kurdes eux-mêmes et qui risquent de passer sous administration ou sous occupation turque », déplore Kendal Nezzan, président de l'Institut kurde de Paris.

Les Kurdes de Syrie voient donc leur rêve d'autonomie s'envoler en fumée, car la Turquie n'a nullement l'intention de voir, un jour, se créer une région autonome kurde en Syrie. Un Kurdistan autonome en Irak lui est déjà tout juste à peine tolérable.

Obstacles

Après avoir indiqué que l'idée d'une zone tamponvalait « la peine d'être examinée », selon les termes de John Kerry, Washington a par la suite rectifié en affirmant qu'elle n'était « pas à l'étude ». Car ce projet pose un certain nombre de difficultés. Premier obstacle à la mise en place de cette zone tampon : la nécessité d'une zone d'exclusion aérienne. Pour sanctuariser une bande de territoire de plusieurs dizaines de kilomètres de profondeur le long de la frontière, il faudra interdire le survol de la zone, ce qui implique des rotations d'avions radars et des patrouilles d'avions de chasse. Cela implique également le risque de devoir affronter les avions de chasse du régime syrien.

Deuxième difficulté : la nécessité d'engager des troupes au sol. S'agira-t-il de soldats turcs ou de casques bleus ? L'incertitude sur ce point reste d'autant plus grande que la plupart des pays engagés dans la coalition anti-jihadiste ont par avance rejeté tout envoi de troupes sur le sol syrien.

Dernier obstacle : la nécessité d'une autorisation formelle des Nations unies. A priori, la Russie ne devrait pas voir d'un bon œil la création de cette zone tampon, puisqu'elle se ferait au détriment du régime syrien et au bénéfice de l'opposition. Un veto russe et sans doute chinois sont donc plus que probables, à moins de voir la Russie et la Chine assouplir leurs positions du fait de la nouvelle donne créée par la montée en puissance de l'organisation État islamique.


Manifestation à Paris des Kurdes de France

La communauté kurde manifestait ce mercredi à Paris, à la gare du Nord, pour dénoncer l’inaction de la communauté internationale face à l’avancée des jihadistes du groupe Etat islamique sur la ville kurde de Kobane, dans le nord de la Syrie.

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