Ebola: existe-t-il des risques d'épidémie en France?

La Commission européenne demande des explications à l'Espagne. La France et les Etats-Unis rappellent qu'il faut envoyer de l'aide, des infrastructures, de la main-d’œuvre. C’est la conséquence d’un premier cas de contagion au virus Ebola en Europe. En cause, une succession d’erreurs dans le suivi du personnel qui a soigné deux missionnaires malades. L’Union européenne entend en faire un cas d'étude pour éviter que l'éventualité se présente à nouveau dans un autre pays membre. De son côté, la France affirme qu'elle aurait les moyens de soigner de potentiels nouveaux cas. Doit-on en déduire que les risques de contagion en France existent ?

Il y aurait 75% de risques de voir arriver Ebola en France, avec des contagions sur le sol français. C'est le laboratoire de modélisation des systèmes biologiques et socio-techniques de l'Université américaine de Northeastern qui le dit. 75% de risques d'arrivée d'un malade d'Ebola d'ici la fin du mois. Ça, c'est si le trafic aérien reste tel qu'il est. Mais avec une réduction de 80% du trafic aérien en provenance et à destination des foyers d'épidémie, le risque tombe à 25%. Mais les scientifiques le notent, cela ne ferait que retarder de trois à quatre semaines l'arrivée de cas et la transmission potentielle du virus Ebola en France. La France est d'ailleurs le troisième pays sur la liste de projection des contaminations, après le Ghana, voisin du foyer d'infection, et les Etats-Unis. De son côté, l'OMS a aussi confirmé, aujourd'hui même, qu’il est inévitable que l'Europe importe des cas d'Ebola, notamment du fait des flux de passagers.

La France a les moyens de traiter de nouveaux cas

Pour l'instant, il s'agit de calculs de probabilités, de théorie. En pratique, les systèmes de santé et les conditions de vie chez nous ne devraient pas nous exposer à des flambées épidémiques. Pas d'inquiétude à avoir non plus si on en croit les autorités françaises. Pour François Hollande le pays a les moyens de traiter de nouveaux cas.

Pour rappel, au moment de l'arrivée de l'infirmière française contaminée, le ministère de la Santé a affirmé que le pays a importé les trois médicaments qui sont en ce moment en test et considérés comme les plus efficaces pour lutter contre la maladie. D'ailleurs cet exemple de l'infirmière française rapatriée est caractéristique : un circuit de transfert de l'aéroport et d'entrée à l'hôpital court, et hermétique, un traitement en chambre stérile. Non seulement cette jeune femme a guéri, mais en plus, à ce jour, personne d'autre n'a été infecté. Bien sûr, cela n'empêche pas les erreurs. C'est ce qui s'est passé en Espagne, où les mesures de sécurité et de suivi des soignants n'ont pas été respectées.

Donc pas de raison de paniquer...

On l'a vu aux Etats-Unis, un cas rapatrié au Texas a suffi à mettre le pays en émoi. Editions spéciales de journaux, panique de la population. C'est l'idée que le malade ait pu rester quatre jours dans le pays sans être détecté qui a fait très peur aux Américains, en plus de sa sortie de l'hôpital par erreur. Mais dans les faits, il ne faut pas oublier qu'il faut un contact direct avec les fluides du malade - salive, sang, transpiration - pour être contaminé. Même les passagers partageant l'avion avec un malade ont peu de risques d'être contaminés par le virus. D'autant plus qu'aucun malade n'est contagieux avant l'apparition des symptômes.

Ce qui compte en Europe, pour éviter la flambée épidémique, c'est donc d'anticiper l'arrivée du virus. C'est à ça aussi que servent les schémas théoriques. Si l'on se doute qu'il y aura des cas en France d'ici la fin du mois, l'on peut déjà anticiper non seulement les infrastructures à mobiliser mais le personnel nécessaire à mettre sur le terrain.

Bref, il convient d'anticiper tous les moyens pour ne pas se laisser déborder par les cas. Et les autorités devraient même se projeter plus loin : s'il parait inévitable que l'Europe connaisse des cas de contamination, chaque Etat membre peut prévoir et s'organiser pour faire face et limiter la propagation. Par exemple, dans le cas de l'aide-soignante espagnole contaminée, trois personnes - dont son mari - ont été automatiquement mises en quarantaine, et une cinquantaine d'autres sous surveillance, pour s'assurer que la contagion s'arrête là.

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