Les oreilles de l’Elysée et de Matignon ont dû siffler tout le week-end. Benoît Hamon a dit « regretter le démantèlement de l’Etat ». « Il n’y a pas un socialiste ici qui est dans l’opposition », a déclaré l'ex-ministre de l'Education dimanche 5 octobre à l’université de rentrée d’« Un monde d’avance », son courant de la gauche du Parti socialiste.« On n’est pas à ranger du côté de ceux qui, aujourd’hui, veulent combattre la gauche. On veut qu’elle réussisse, la gauche. Et si demain, on ne peut pas donner les moyens aux Français de consommer, il n’y aura pas de redémarrage de l’économie française », a-t-il martelé. Son invitée, l’écologiste Cécile Duflot s’est, elle, proclamée « plus socialiste » que le Premier ministre Manuel Valls.
Pas question pour eux en revanche de souhaiter l’échec du gouvernement quand, à l’autre bout de la France, à l'université d'automne du PS de Laudun-L'Ardoise, Arnaud Montebourg est, lui, allé beaucoup plus loin, se posant en leader d’une autre voix socialiste. « Ils [les ministres, ndlr] ne sont pas là pour exécuter, ils sont là pour concevoir des politiques et les discuter avec leurs collègues. Nous aurons donc à relever ce défi de l’erreur qui peut être commise par un esprit solitaire qui a parfois tous les pouvoirs », a déclaré le troisième homme de la primaire PS de 2011, qui a visiblement toujours en tête la prochaine présidentielle.
Aurélie Filipetti a, elle, joué la carte médiatique. Dans un entretien publié samedi 4 octobre sur Mediapart (édition abonnés), l'ex-ministre de la Culture a dit ne « pas regretter » son départ du gouvernement et réclame des changements majeurs dans le fonctionnement des institutions françaises. Elle est aussi revenue sur la rumeur « regrettable » de lien entre son départ et le couple qu'elle forme avec Arnaud Montebourg. Preuve, selon elle, que le machisme est toujours bien présent en politique.
Tous rêvent d’un prochain congrès du Parti socialiste qui les verrait faire basculer le parti sur une ligne plus à gauche. Mais l’absence de photo de famille l’a montré ce week-end, les différentes chapelles de la gauche du parti sont encore loin de pouvoir s’unir. Une nouvelle preuve pour les défenseurs de la politique menée par François Hollande et Manuel Valls de ce qu’ils martèlent depuis des mois, à savoir qu'il n’y a pas d’alternative à gauche.