Ils sont arrivés à Marseille, indique le ministère de l'Intérieur dans un communiqué mardi soir alors qu'il était resté jusque-là silencieux. « Les services français ont été informés par leurs homologues turcs de ce changement de vol après l'arrivée sur le sol français des trois ressortissants expulsés », s'est justifié le ministère, pour expliquer que personne ne les attendait au pied de l'avion. Néanmoins, le contrôle des passeports à Marseille n'a pas non plus donné l'alerte, alors que ces personnes sont fichées. D'après les informations d'I-Télé, la panne généralisée du logiciel de la DGSI aurait permis aux trois hommes de passer les contrôles de la police aux frontières sans encombres.
Avant de donner cette version « finale », le ministère de l'Intérieur a d'abord indiqué en début d'après-midi que les trois hommes, interpellés fin août en Turquie et soupçonnés d'appartenir à une filière de recrutement jihadiste, avaient été interpellés à leur arrivée à l'aéroport d'Orly et placés en garde à vue.
Une source policière assurait plus tard dans la journée qu'ils n'étaient pas arrivés
comme prévu sur le sol français. Une source aéroportuaire, de son côté, a expliqué qu'ils n'étaient pas dans l'avion dans lequel ils étaient censés se trouver. En effet, le commandant a refusé de les embarquer en raison de l'absence des documents administratifs turcs nécessaires.
Les présumés jihadistes eux-mêmes surpris
Deux des avocats toulousains des présumés jihadistes assurent qu'ils sont bien arrivés en France mais à bord d’un autre avion. Selon leurs dires, eux-mêmes ont été surpris de ne pas avoir été interpellés à leur arrivée, dans un aéroport de province non précisé par les avocats. « Le ministère de l'Intérieur a, à mon avis, dégainé un peu trop vite [...]. Ils n'ont pas du tout été arrêtés. Ils sont dans la nature, prêts à s'expliquer, à être interrogés », a déclaré l'un des avocats, Me Apollinaire Legros-Gimbert. Me Pierre Dunac a confirmé cette version : « Leur position aujourd'hui, c'est de dire : on n'est pas en fuite ».
Une version que confirme le témoignage de l'un des présumés jihadistes, Imad, joint par son avocat. Il affirme qu'ils « s'attendaient à être arrêtés ».
A aucun moment ces trois individus, trés liés à Mohamed Merah, le tueur toulousain, pourtant activement recherchés, n'ont été inquiétés. Ils étaient partis faire le jihad en Syrie au début de l'année 2014.
Mercredi matin, le ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian, a critiqué une « initiative malencontreuse » d'Ankara.