Le Premier ministre, qui brigue la confiance des députés, s'est livré pendant quarante-six minutes à un vibrant plaidoyer de son action. « Gouverner, c'est résister. Gouverner, c'est tenir », a scandé Manuel Valls, qui a exclu de dévier du cap des réformes pour assainir les finances publiques. Il a également appelé l'Allemagne à faire plus pour la croissance de l'Europe.
Manuel Valls a lancé une mise en garde à l'opposition quand elle réclame la dissolution qui, selon lui, « affaiblirait la France ».
Le Premier ministre a annoncé que les élections départementales (ex-cantonales) seraient « maintenues en mars 2015 » et les régionales auraient lieu « fin 2015 », ce qui constitue un nouveau changement du calendrier.
Très contesté sur sa gauche, le chef du gouvernement a par ailleurs fait quelques gestes comme l'annonce d'une prime exceptionnelle pour les retraités et une réduction d'impôts pour six millions de ménages d'ici la fin 2015.
Valls fait savoir qu’il est bien un homme de gauche
Manuel Valls a même multiplié les déclarations d’amour et les signaux : « Je crois à la main visible de l’Etat », a-t-il dit à la tribune. Rien n’est possible dans ce pays sans l’Etat, nos services publics, nos fonctionnaires engagés ».
Autre gage à la gauche : les réprimandes à deux de ses ministres. A celui de l’Economie, Emmanuel Macron, qui, avant se nomination, parlait de revenir sur la réduction du temps de travail. Manuel Valls, sans le nommer, a dit : « Réformer, ça n’est pas revenir sur les 35 heures ». A François Rebsamen, ministre du Travail, qui, devant les mauvais chiffres du chômage parlait de renforcer les contrôles sur les demandeurs d’emplois, il déclare : « Personne dans ce pays n’aspire à devenir chômeur ou le rester ».
Message au Medef
Manuel Valls s'en est aussi pris aux récentes propositions chocs du patronat (suppression de jours fériés, assouplissement des 35 heures ou du SMIC).
« Le pacte (de responsabilité) est là pour créer un climat de confiance et pour redonner des marges de manœuvre aux entreprises, elles en ont besoin. Et il doit se traduire en termes d’investissements, d’embauches, de formations ou d’accueil de jeunes en apprentissage. La confiance doit être réciproque. Personne, et je le dis clairement au patronat, ne doit prendre le risque d'affaiblir par je ne sais quelle provocation, et par je ne sais quelle surenchère, l'indispensable dialogue social qui est la marque de ce quinquennat », a déclaré le Premier ministre.
Le choix de Manuel Valls dans cette déclaration, c’était de ressouder son camp sur ses valeurs, refuser la confrontation avec les frondeurs pour mieux l’assumer avec la droite. A quelques jours du retour annoncé de Nicolas Sarkozy, Manuel Valls a proclamé : « Cette confrontation, j’y suis prêt ».
Beaucoup de déclarations d’amour donc, mais sans rien renier de sa ligne. Pour le Premier ministre, gouverner, c'est aussi aller chercher la confiance. Sur leur banc, beaucoup des députés frondeurs, ostensiblement, n’ont pas applaudi.
Le discours a été prononcé avant le vote de confiance, obtenu par le gouvernement Valls II. C’est le deuxième discours et deuxième vote des parlementaires en cinq mois avec un contexte qui a changé depuis au rythme des crises gouvernementales et de l'absence de résultats économiques. Des tensions qui, pour autant, ne conduiront donc pas le gouvernement à infléchir sa politique.
« Vos jours sont comptés »
Côté réaction, Christian Jacob n'a pas mâché ses mots. « Vos jours sont comptés », a lancé le chef de file des députés UMP à Manuel Valls, en l'accusant d'être « usé jusqu'à la corde », comme François Hollande. Christian Jacob s'est moqué des « réformettes » du gouvernement.
Le leader du Parti communiste Pierre Laurent a, pour sa part, accusé Manuel Valls d'être resté totalement sourd à la défiance populaire.