Bercy: Emmanuel Macron prend les rênes de l’économie

C'est par un hommage appuyé à son prédécesseur Arnaud Montebourg, qu'Emmanuel Macron a pris ses fonctions au ministère de l'Economie ce mercredi 27 août. Il s'est notamment engagé à poursuivre « le redressement productif » de la France et sa nomination devrait être bien accueillie à Bruxelles.  

La passation de pouvoir s'est faite de manière cordiale entre Arnaud Montebourg et Emmanuel Macron ce mercredi matin. Dans un premier temps le ministre sortant a défendu son bilan. Il a également remercié ses équipes et avec quelque cynisme a conclu qu'il fallait « savoir quitter la scène quand on ne sait plus jouer la comédie ». Le nouveau ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, après avoir révélé sa surprise à l'annonce de sa nomination, assure vouloir mettre ses pas dans ceux de son prédécesseur : « J'ai vu au quotidien depuis l'Elysée, sous l'impulsion du président de la République et sa volonté forte, ton talent se mettre à l'oeuvre, jour et nuit pour faire bouger les choses et pour que l'économie ne soit pas une fatalité ou quelque chose que l'on subit. Le redressement productif, puisque tu as inventé et porté cette notion et cette valeur, cela veut dire quelque chose : c'est qu'on peut changer l'économie avec la politique, c'est qu'on peut vouloir... Et ça, je peux te dire que ce sera continué ». Emmanuel Macron a aussi déclaré vouloir « ouvrir et oxygéner » Bercy avant de se rendre à son premier Conseil des ministres.

Emmanuel Macron a été l'aile droite du cerveau économique du président pendant deux ans. Ce social-libéral assumé est un homme discret qu'on a peu entendu jusqu'à maintenant, en raison de la nature de son poste, secrétaire général de l'Elysée jusqu'en juin 2014. Son ministre de tutelle, Michel Sapin a assuré mercredi qu'Emmanuel Macron serait un « bon ministre de l'Economie », garant d'une « cohérence totale » et d'une « stabilité » en matière économique et budgétaire.

La nomination du nouveau ministre de l'Economie a été saluée par Pierre Gattaz, président du Medef. « Emmanuel Macron a trois atouts, a déclaré le patron des patrons. Il connaît l'entreprise ; il connaît l'économie de marché et il connaît la mondialisation. Pour être ministre de l'Economie, ça me paraît important et intéressant d'avoir ces trois atouts en poche et de les assumer surtout ».

Bienveillance à priori de Bruxelles

Ce matin, il n'y avait pas encore beaucoup de réaction à Bruxelles où se prépare un sommet européen majeur sur les nominations de la Commission européenne, mais, a priori et officieusement, la nouvelle équipe Valls II aurait plutôt tout pour plaire par rapport aux vingt-huit autres Etats membres, explique notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. D’une part, parce que les vingt-huit ont beaucoup de mal avec toute l’impression de cacophonie en France puisque ça rend plus compliquées les relations, les négociations au sein du Conseil européen.

Du côté des institutions, de la Commission européenne surtout, même si la ligne officielle est de ne jamais commenter la vie politique nationale des Etats membres, le départ d’Arnaud Montebourg du gouvernement pourrait provoquer une forme de soulagement parce que l’ancien ministre de l’Economie a maintes fois critiqué avec virulence la Commission européenne, taxée d’incompétence et accusée d’appliquer des politiques obsolètes et inadaptées.

Au point que ses relations avec le commissaire à la Concurrence ressemblait à une guerre ouverte. D’ailleurs, on s’était discrètement félicité ici que le portefeuille des Finances ait été séparé et que ce soit Michel Sapin qui vienne ici à Bruxelles justement négocier.

La personnalité d’Emmanuel Macron comptera certainement. Il connaît les rouages des sommets européens, pour avoir négocié, pour les avoir vécus comme conseiller économique de François Hollande. Mais aussi et surtout parce qu’il est vu ici comme un partisan du respect par la France, de son engagement à revenir en dessous des 3% de déficit public.

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