L’Elysée promettait cohérence et clarté pour le nouveau gouvernement Valls. Cette fois, la promesse est tenue. Il est en effet cohérent pour François Hollande de nommer à Bercy celui qui a inspiré la politique économique mise en œuvre en France depuis un peu moins de deux ans. Les premières mesures pour restaurer la compétitivité des entreprises, à l'automne 2012, c’est lui. Cet homme au CV brillant, et atypique, qui a quitté le confort lucratif de la banque Rothschild pour servir l’Etat, est depuis l’objet de tous les fantasmes des opposants de gauche à la politique du chef de l’Etat.
Emmanuel Macron, un jeune homme ambitieux
Comme un poisson dans l'eau dans les milieux patronaux, Emmanuel Macron n'a pas hésité à tout lâcher au début du quinquennat pour rejoindre l’Elysée. Docteur en philosophie politique, énarque brillant, il est aussi inspecteur des finances. Emmanuel Macron devient alors secrétaire général adjoint de l’Elysée, en charge de l’Economie et des Finances. Il avait déjà joué un rôle clé dans la campagne : c’est lui qui a chiffré le programme présidentiel.
Ce très proche de François Hollande aime les boutons de manchette et la lumière et surtout dire ce qu’il pense. La fameuse taxe à 75% sur les plus hauts revenus c’est pour lui « Cuba sans le soleil ». Jamais élu, jamais encarté au PS, Emmanuel Macron avait quitté l’Elysée l’été dernier. Sûr de lui, il voulait déjà un portefeuille. Emmanuel Macron revient aujourd’hui par la grande porte.
« Pas d'échappatoire »
Il y a donc aussi une part de provocation chez François Hollande. La nomination d’Emmanuel Macron à la place d’Arnaud Montebourg est d’ailleurs vécue comme une provocation par les socialistes frondeurs. Mais le chef de l’Etat va au bout de sa logique - « Il n’y a pas d’échappatoire », disait-il la semaine dernière. Je n’ai plus rien à perdre, fallait-il comprendre. Moins d’un an après son coming out social-démocrate, il assume le symbole. Social-démocrate ou social-libéral, François Hollande est surtout aujourd’hui un président social-libéré.