« Ceux qui veulent à tout prix manifester en prendront la responsabilité ». C'est par cette mise en garde, lancée depuis le Tchad où il se trouve en visite officielle, que François Hollande a commenté samedi matin la tenue de la manifestation pro-palestinienne qui se déroule en ce moment même à Paris.
Plusieurs centaines de militants ont afflué ce samedi en début d'après-midi, dans le quartier de Barbès, dans le nord de la capitale. « Nous sommes tous des Palestiniens » ou « Palestine vivra, Palestine vaincra », ont-ils scandé, sous l'œil attentif de très nombreux CRS positionnés aux alentours.
Plusieurs avenues ont été coupées à la circulation, provoquant des embouteillages.
Des journalistes de l'AFP ont rapporté que plusieurs manifestants ont jeté des projectiles, des cailloux et des bouteilles sur les forces de l'ordre, en marge de la manifestation. Les policiers ont répliqué avec des gaz lacrymogènes, provoquant des mouvements de foule disparates dans les petites rues autour du carrefour Barbès.
Malgré la confirmation de l’interdiction de la manifestation par la justice, vendredi soir, des appels à manifester ont été relayés sur les réseaux sociaux. L'interdiction de manifester a été jugée une décision « contraire aux libertés fondamentales ».
« Une décision politique »
Pour justifier l'interdiction de ce rassemblement, la préfecture de police de Paris avait parlé d'un « contexte de tensions accrues ». Mais certaines associations à l'origine de ce rassemblement ont tout de même maintenu leur appel à manifester.
« [L'interdiction de la manifestation] est une décision politique », a ainsi commenté Hosni Maati, avocat du collectif des associations palestiniennes. « Vous avez un gouvernement qui a pris fait et cause pour une certaine version des faits qui se sont déroulés rue de la Roquette la semaine dernière, et à partir de ces faits-là, toute une théorie a été construite sur le risque évident de troubles à la République. »
Les organisateurs ont tenté de contester cette décision devant la justice, mais le tribunal administratif de Paris les a déboutés, hier. Ils se sont donc tournés vers le Conseil d'Etat, le plus haut niveau de juridiction en la matière, dont on attend encore la réponse.
Au sein même du Parti socialiste, l’interdiction a créé le trouble. « Le seul camp que la France doit choisir, c'est celui de la paix. Aujourd'hui, nous refusons la décision trop hâtive du ministère de l'Intérieur et appelons le gouvernement français à lever rapidement cette interdiction de manifester », ont écrit plusieurs députés PS dans un communiqué commun.
Menaces d'interpellations
Le préfet de police, lui, ne veut pas voir à nouveau des incidents tels que ceux qui ont éclaté à l'occasion d'une précédente manifestation pro-palestienne, dimanche dernier. Il y avait alors eu des affrontements devant une synagogue du XIe arrondissement de Paris.
Bernard Boucault, le préfet de police de Paris, en a appelé « au sens de la responsabilité de chacun » et appelé à ne pas se rendre sur les lieux. Dans un communiqué transmis à l’AFP, il a prévenu que les manifestants ou « contre-manifestants » qui tenteraient de participer prenaient le risque d’être « interpellés et remis à la justice ». Les services du procureur de Paris ont pour leur part rappelé que « le fait d’organiser une manifestation interdite est passible de six mois d’emprisonnement ».
La manifestation de Paris n’est pas la seule à avoir été interdite. A sarcelles, en banlieue parisienne, deux manifestations ont subi le même sort : l'une pro-palestinienne et l'autre à l'initiative de la Ligue de défense juive, un groupuscule extrémiste.
Des manifestations étaient prévues dans une quinzaine de villes, dont Marseille, Lille, Lyon, Nîmes et Montpellier. Trois manifestations, à Paris, Sarcelles et Nice, ont été
interdites.