Régime des intermittents: Manuel Valls affiche la fermeté

Lors d'une conférence de presse jeudi visant à déminer le conflit des intermittents, Manuel Valls a confirmé que le gouvernement allait agréer la nouvelle convention Unedic d'assurance-chômage. Il a donc, sans surprise, opposé une fin de non-recevoir à la principale revendication des intermittents du spectacle qui protestent contre ce texte durcissant leurs règles d'indemnisation chômage, comme celles d'autres catégories de demandeurs d'emploi. Le Premier ministre a annoncé une mission et des mesures transitoires.

Une déclaration d'amour à la culture en préambule : « Sans culture, la vie n'est que sécheresse », a déclaré le Premier ministre. Quelques phrases lyriques et un verdict ferme : « Ensuite, il faut que chacun comprenne qu'il n'y aura pas de retour en arrière » Comprendre : le gouvernement n'ira pas plus loin que les mesures transitoires proposées. Et puis, explique Manuel Valls, refuser l'agrément de l'Etat au nouveau régime des intermittents, aurait signifié la remise en cause d'un accord interprofessionnel.

La convention Unedic du 22 mars qui concerne le régime général d'assurance-chômage, mais aussi celui des intermittents du spectacle, sera donc agréée par le gouvernement.

Cette annonce intervient à quelques jours d'une conférence sociale sous l'égide de Matignon. Un rendez-vous entre patronat et syndicats censé justement célébrer le dialogue social. Sur le fond, sur le dossier des intermittents comme sur le budget contesté par les députés frondeurs, la ligne du Premier ministre reste la même : quelques concessions, mais rien de plus. Et cette vision de la politique, encore répétée hier soir à Matignon : il n'y a pas d'autres voies possibles.

Les festivals d'été menacés

Signe d'« apaisement » voulu par le Premier ministre, la mesure la plus controversée de la convention d'assurance chômage sera provisoirement « neutralisée » par l'Etat. Il s'agit du différé d'indemnisation - ce délai entre la fin du travail et la perception de l'allocation versée par l'Unédic. Il sera intégralement pris en charge par l'Etat dès le 1er juillet. Coût de la mesure : 90 millions d'euros, selon Manuel Valls.

Une mesure « inacceptable », pour la Jimmy Schumann, délégués des artistes interprètes à la CGT, qui y décèle « le premier pas vers une caisse autonome, chose qui est demandée par le Medef [syndicat du patronat] et peut-êre aussi par le CFDT depuis des années. »

Autre décision forte, dans un contexte de réduction des dépenses publiques : le budget alloué à la création et au spectacle vivant sera inégralement maintenu en 2015, 2016 et 2017.

Des solutions certes, mais pour une sortie de crise à court terme. « Pour rompre avec ce cycle infernal de crises et de tensions », comme il le dit lui-même, le Premier ministre annonce avoir confié à trois personnalités une mission pour redéfinir le statut d'intermittent du spectacle : Hortense Archambault, qui a codirigé le festival d'Avignon, Jean-Denis Combrexel, ancien directeur général du travail, et le député socialiste Jean-Patrick Gille, médiateur durant le conflit social. Ils devront rendre leurs conclusions avant la fin de l'année. Mais après les festivals de l'été, fortement menacés par les grèves.

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