Grève à la SNCF: bras de fer entre syndicats et gouvernement

La grève des cheminots a été reconduite pour mardi. La CGT et SUD-Rail, qui ont été reçus par la direction de la SNCF ce lundi 16 juin, parlent de « provocation ». Pour eux, les vrais sujets n'ont pas été évoqués et ils appellent leurs collègues à faire grandir le rapport de force, alors que les députés vont commencer mardi à examiner le texte de la réforme ferroviaire.

Nombreux étaient ceux qui confiaient ne plus très bien saisir les motifs de la grève des cheminots, à commencer d'ailleurs par le Premier ministre, Manuel Valls : « Cette grève, personne n’en comprend le sens, les usagers, les jeunes qui étaient angoissés sans doute en se rendant à leur épreuve de baccalauréat. Personne ne comprend le but de cette grève. J’espère que chacun entend ce que dit aussi le pays et l’immense majorité des cheminots et que dans les prochains jours, l’esprit de responsabilité s’imposera ».

Une attitude responsable, c'est précisément l'attitude de la CGT, assure l'une des ses secrétaires, Marie Laurence Bertrand : « Est-ce que l’on fait une grève pour l’opinion publique ou est-ce que l’on fait une grève à partir de ce que les salariés revendiquent et souhaitent pour exercer au mieux leur métier et pour vivre dignement. Nous, notre choix il est fait, on écoute les salariés. »

Qu'on y comprenne quelque chose ou pas, c'est un mouvement qui coûte très cher aux entreprises notamment. Cinquante à 80 millions d’euros en quelques jours, selon Jean-François Roubaud, le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises. « La grève de la SNCF, c’est vraiment quelque chose de redoutable, estime-t-il. Nos entreprises n’ont pas de livraison, elles n’ont pas de personnel qui vient, du personnel qui part en avance… C’est économiquement redoutable alors que c’est une minorité qui tient cela. C’est inacceptable pour nous et pour notre pays dans le contexte actuel ».

La grève est reconduite, mais la direction de la SNCF assure que le trafic sera bien meilleur mardi.


Pourquoi ça bloque ?

Par souci d'efficacité et d'économie, le gouvernement souhaite rassembler sous une même bannière la SNCF, dont la fonction est de faire rouler les trains, et RFF, Réseau ferroviaire de France, dont le rôle est de gérer les voies.

La SNCF deviendrait SNCF Mobilité et RFF s'appellerait SNCF Réseau, mais chacun garderait ses attributions. La nouveauté réside dans le fait que les deux structures seraient abritées par un groupe unifié : la maison mère SNCF.

Cette réforme est motivée par la nécessité d'en finir avec la dette de 44 milliards d'euros de la compagnie ferroviaire. Mais si ce projet est le souhait du gouvernement, il n'est pas celui de certains syndicats qui rêveraient de revenir à l'ancienne SNCF, celle d'avant 1977, date de la séparation des deux entités, de même qu'ils voudraient bien transférer la dette à l'Etat.

Par ailleurs, le projet prévoit la remise à plat du statut des cheminots. Supprimer le statut de 1946, en créer un autre et mettre en place une nouvelle convention collective de sorte à préparer l'ouverture à la concurrence à l'horizon 2022.

Autant de sujets qui fâchent et qui, pour le moment, provoquent une situation de blocage. L'examen du texte à l'Assemblée nationale va donc débuter ce mardi 17 juin sur fond de conflit.

Partager :