Le quotidien anglais The Guardian l’affirme dans une enquête : CP Foods, producteur de crevettes, ferait appel à des sous-traitants employant des esclaves. Les journalistes ont rencontré d’anciens esclaves, qui ont raconté leurs conditions de travail : achetés, vendus, ils travaillaient 20 heures sur des bateaux pour un bol de riz. Ils ont vu des hommes être assassinés, les corps lestés et jetés à l’eau. Le gouvernement thaïlandais estime que le secteur emploie environ 300 000 esclaves, notamment d’origine cambodgienne ou birmane.
L’enquête montre aussi du doigt des enseignes de grande distribution. L'entreprise Carrefour, en France, a condamné son partenaire CP Foods et a annoncé qu'elle retirait toutes les crevettes venues de Thaïlande de ses rayons et suspendait ses achats directs et indirects de crevettes. Seulement, déterminer qu'une crevette est importée de Thaïlande, pour la sortir des rayons, peut paraître facile, mais tracer l'origine d'une crevette ne se limite pas à l’étiquette. Si l'étiquette des crevettes crues porte la mention du pays où la pêche a eu lieu, c'est plus compliqué pour les crevettes surgelées, cuites ou décortiquées. Ces crustacés portent, eux, la mention du dernier pays où ils ont été modifiés.
La Thaïlande est le deuxième producteur mondial de crevettes. Elle fournit 25% des approvisionnements dans le monde. Pourtant, si l'on en croit les étiquettes, seuls 6,7% de nos importations de crevettes provenaient de Thaïlande en 2012. Le doute est donc permis. CP Foods exploite une usine de décorticage pour le compte de Carrefour. D’après l’enseigne, un audit mené en 2013 n’aurait rien révélé d’anormal. Mais Carrefour pourrait avoir le plus grand mal à tracer l'origine des autres produits contenant de la crevette. Celle-ci représente 51% de tous les crustacés consommés en France.