La création d'activité en France, le maintien de l’emploi et l'indépendance énergétique de la France sont les critères déterminants pour l'Etat français dans le dossier d’Alstom. C'est le message passé le président François Hollande à l’ensemble des protagonistes. Il a reçu tour à tour, lundi, les patrons de General Electric et de Siemens, en passant par le PDG de Bouygues, premier actionnaire d'Alstom.
Deux offres de rachat sont sur la table : d’un côté celle de General Electric qui souhaite racheter seulement les actifs d'Alstom dans l'énergie pour 10 milliards d’euros. Les négociations seraient bien avancées entre les deux entreprises et Bouygues serait favorable à cette opération.
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D'un autre côté, il y a l'offre de Siemens qui propose de racheter le secteur Energie d'Alstom et de lui céder une partie de ses activités ferroviaires. Le montage, qui sera détaillé ce mardi, donnerait naissance à un grand groupe européen de l'énergie.
Cette solution plait aux gouvernements français et allemands. Les grandes manœuvres autour du sort du groupe français vont se poursuivre jusqu’à mercredi matin, jour où Alstom informera les marchés de son choix.
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Vive réaction en Allemagne
Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut
« Une grande chance tant pour la France que pour l’Allemagne ». Le porte-parole du ministre de l’Economie allemand Sigmar Gabriel a souligné que l’hypothèse d’un accord entre Alstom et Siemens avait le soutien de Berlin alors que d’ordinaire le gouvernement allemand se mêle, ouvertement en tout cas, peu de politique industrielle. Sigmar Gabriel est en contact avec les différentes parties prenantes au dossier ainsi qu’avec la chancelière Merkel.
La presse allemande est partagée. Les critiques habituelles contre la politique industrielle française et l’interventionnisme de l’Etat fleurissent à nouveau. « Dans le passé, la France a échoué avec fracas dans sa volonté de créer des soi-disants champions nationaux », commente par exemple le quotidien Süddeutsche Zeitung. Les risques économiques pour Siemens sont aussi évoqués.
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Mais le même journal écrit également : « Un accord avec General Electric fait plus sens mais Siemens semble avoir les meilleures cartes ». La cession du secteur ferroviaire à Alstom comme les garanties d’emploi à la France sont perçues comme autant d’atouts pour séduire Paris.
« Avaler un rival, en supplanter un autre –General Electric- créer deux champions industriels et en même temps régler un compte ouvert vieux de dix ans ». Pour la première chaîne publique allemande ARD, la plan du patron de Siemens Joe Kaeser est « des plus téméraires. »