Alors que le PDG de General Electric devait rencontrer Arnaud Montebourg pour discuter des garanties qui tiennent à coeur au gouvernement français, comme l'emploi ou l'implantation des sites de décision. Alors qu'un conseil d'administration d'Alstom est prévu en soirée, la proposition de l'Allemand Siemens vient relancer le débat dans un dossier qui semblait ficelé... et reporte la rencontre entre les responsables de General Electric et Manuel Valls de quelques jours. L'Etat français veut prendre le temps d'étudier les options qui s'offrent à Alstom.
L'offre de discussion de Siemens sur une « coopération future » - sans plus de précisions - n'est cependant pas de même nature que l'offre ferme de rachat de General Electric pour 10 milliards d'euros. Si elle apparaît soutenue, voire sollicitée, par le gouvernement français la proposition de l'Européen Siemens se heurte cependant à plusieurs écueils : les deux groupes ne s'aiment pas car ils sont concurrents. Elle prévoit, dans les grandes lignes, de monter deux géants européens : l'un spécialisé sur l'énergie, derrière Siemens ; l'autre sur le transport, derrière Alstom.
Le coût social d'un rapprochement pourrait s'avérer très élevé en raison des nombreux doublons entre Alstom et Siemens. Toutefois cette irruption tardive du groupe allemand -et on se souvient qu'il y a dix ans le gouvernement français avait empêché le groupe allemand d'entrer au capital d'Alstom - a pour effet de retarder la prise de décision finale. Au grand dam de Patrick Kron, le PDG d'Alstom qui a tout fait pour que l'affaire soit bouclée le plus rapidement possible et sans intervention extérieure. C'est raté.
« Une dimension européenne dans le dossier »
« Quand vous regardez la composition du capital d'Alstom, remarque Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière, il y a par exemple Bouygues qui en possède une partie. Peut-être que l'Etat pourrait temporairement, pour peser dans le dossier, racheter cette part là. Il peut intervenir. »
Défendant l'intérêt d'un nationalisation temporaire, Jean-Claude Mailly se félicite de l'arrivée de Siemens dans la discussion pour ralentir le processus de rachat par General Electric et ainsi donner le temps de la réflexion. « Il y a une dimension européenne dans le dossier, estime-t-il. Il faut que ces deux offres soient bien étudiées. Que le gouvernement s'en inquiète, c'est logique. Ce sont des secteurs importants : l'énergie, l'énergie nucléaire et le transport. »
L'offre de Siemens prévoit en effet de créer deux champions européens. Le premier, sous la marque allemande, serait spécialisé sur l'énergie. Le second, derrière Alstom, viserait le marché du transport. Arnaud Montebourg, ministre de l'Economie, estime pour sa part qu'il faudra prendre le temps de la réflexion, Alstom vivant « notamment de la commande publique ».