Arnaud Montebourg s'empare du dossier Alstom

Les événements s'accélèrent autour des rumeurs de rachat du groupe français Alstom par le géant américain General Electric. Le gouvernement français a décidé de s'en mêler et une rencontre est prévue dimanche entre le patron de General Electric, le Premier ministre Manuel Valls et Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie et du Redressement productif.

Branle-bas de combat au gouvernement, chaque fois qu'un des fleurons économiques français est menacé. On se souvient du coup de sang d'Arnaud Montebourg lorsque l'Américain Yahoo! avait voulu racheter Dailymotion. Cette fois, le gouvernement ne ferme pas totalement la porte, mais l'Etat entend jouer son rôle et travaille à d'autres solutions. Arnaud Montebourg, l'homme du « made in France », fait ainsi part de sa « vigilance patriotique ».

Comme le raconte le journal Le Monde, une voiture a récupéré le PDG d'Alstom jeudi à sa descente d'avion pour l'emmener directement à l'Elysée rencontrer Emmanuel Macron, le bras droit de François Hollande pour les questions économiques. Matignon n'est pas en reste, et veut recevoir au plus tôt le patron de General Electric. Ce sera chose faite dimanche. Jeffrey Immelt, rencontrera en effet le Premier ministre et le ministre de l'Economie et du Redressement productif.

Un symbole fâcheux

L'inquiétude du gouvernement porte d'abord sur la préservation de l'emploi. François Hollande plaide aussi depuis plusieurs mois pour la création d'un « Airbus de l'énergie», un géant européen - et non pas américain. Il y a enfin dans ce dossier économique une dimension politique : Alstom, Nicolas Sarkozy l'avait sauvé lors de son bref passage au ministère de l'Economie en 2004. Le symbole serait fâcheux pour François Hollande si le groupe français passait sous pavillon américain sous sa présidence.

Un marché européen trop restreint

Face à l'envolée de l'action Alstom qui a pris plus de 10 % jeudi, l'Autorité des marchés financiers a suspendu sa cotation dans l'attente des explications d'Alstom. Un conseil d'administration a quand même été convoqué ce 25 avril.

Le commissaire européen Michel Barnier estime pour sa part que ce rachat reposerait sur un projet industriel qui peut avoir du sens, car un des problèmes de la branche de production et de transport d'électricité d'Alstom est le marché européen trop restreint. General Electric offrirait alors une possibilité de développement. Une analyse que confirme l'agence de notation Standard & Poor’s qui abaisse la note d'Alstom à BBB-, estimant que la faiblesse de la croissance dans les années à venir va peser sur les bénéfices d'Alstom.

Une opération industrielle, pas une OPA, selon Patrick Kron

Patrick Kron, le patron d'Alstom, a confirmé aux syndicats de son groupe qu'une opération industrielle, et pas une OPA, était en discussion avec l'Américain General Electric. Cette opération, probablement un rachat, ne concernerait que la partie énergie et réseaux d'Alstom soit 70% du chiffre d'affaires de 20 milliards dégagé en 2013, mais pas le TGV. La CGT s'oppose d'ores et déjà à un démantèlement du groupe. Le conseil d'administration d'Alstom s'est réuni pour un premier échange sur un projet dont il semble que Patrick Kron soit à l'origine.

Partager :