Les journaux brésiliens en font leurs gros titres appuyés par des articles très étayés. Dans leur ligne de mire, de nouvelles affaires de corruption dans lesquelles le groupe français Alstom est cité, un scandale de marchés « truqués » et de pots de vin très bien huilé, sur lesquels enquête depuis plusieurs mois la justice brésilienne. Alstom est visé par une enquête sur de présumées ententes illicites. Son objectif à l’époque ? Emporter des appels d'offres pour la construction de lignes de train notamment. L'organisme antitrust brésilien, le Cade, a entamé la procédure la semaine dernière. Il dit avoir à sa disposition « des indices robustes ». Depuis, c’est un peu l’affolement, avec régulièrement de nouvelles révélations dans la presse.
Le groupe français n'est pas le seul visé
Aux cotés d’Alstom, d’autres entreprises étrangères sont citées, dont les filiales brésiliennes du groupe allemand Siemens, de l’Espagnol CAF, ou encore du Canadien Bombardier. L'organisme antitrust brésilien les suspecte de s’être partagé les appels d'offres, tout en simulant la concurrence, pendant 15 ans de 1998 à 2013. Cet accord fonctionnait pour plus d’une dizaine de projets dans tout le Brésil à Brasilia, Rio de Janeiro, Sao Paulo, dans le Minas Gerais et dans le sud du pays. En tout, ces contrats s’élèveraient à plus de 9 milliards de réaux, soit 2 milliards 900 millions d'euros. Et selon les informations divulguées dans la presse, les enquêteurs de l’organisme antitrust brésilien placeraient Alstom au cœur de ce système.
Ce n’est pas la première fois que le groupe français est cité dans une affaire de corruption au Brésil. Il y a six mois, Alstom avait déjà été montré du doigt dans le scandale des marchés publics des transports de Sao Paulo, la capitale économique brésilienne. Selon les procureurs en charge du dossier, le groupe français aurait déboursé 4 900 000 euros de pots-de-vin. Des sommes versées à des hommes politiques et des dirigeants d’entreprises publiques pour obtenir des contrats.
L'affaire pourrait se corser dans les semaines qui viennent, puisque selon le quotidien Folha de Sao Paulo, un ancien dirigeant du groupe serait en train de collaborer avec la justice brésilienne. Il affirme que la part des dessous de table pouvait représenter jusqu’à 12% de la valeur du contrat. Et le feuilleton n’est sûrement pas terminé, puisque selon cet informateur, des contrats de distribution d’énergie auraient eux aussi été obtenus à coups de pots de vin.
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