Faible marge de manoeuvre du gouvernement dans le dossier Alstom

Le gouvernement français est parvenu à retarder la décision qui s'annonçait d'un rachat de la branche énergie d'Alstom par l'Américain General Electric. L'Allemand Siemens est la solution alternative qui a ses faveurs, mais les marges de manoeuvre du gouvernement sont faibles. Au nom de la préservation de l'emploi, le président François Hollande a reçu ce matin le patron du groupe américain. Il rencontrera ce soir ceux de Siemens et de Bouygues. L'Etat français privilégiera l'offre la plus favorable à la création d'activité en France, a déclaré le président Hollande. 

L'Etat français depuis 2006 n'est plus actionnaire d'Alstom. Il n'est donc plus directement décisionnaire comme le sont en revanche les membres du conseil d'administration ou l'assemblée générale des actionnaires. Mais cela ne l'a pas empêché de s'inviter avec force dans ce dossier extrêmement sensible.

Alstom, ce n'est pas n'importe quelle entreprise. C' est l'un des fleurons de l'industrie française, dont les activités vont du nucléaire à la fabrication des TGV et qui emploie pas
moins de 18 000 personnes dans l'hexagone. L'éventualité de son passage sous pavillon américain serait donc stratégiquement et politiquement très délicate pour un gouvernement qui a mis la lutte contre le chômage et la désindustrialisation de la France au coeur de son projet politique. 

Par ailleurs, dix ans après le premier sauvetage d'Alstom par Nicolas Sarkozy, François Hollande ne pouvait pas ne pas agir face au dépeçage annoncé du groupe, d'où l'interventionnisme actuel du président. Ce matin, François Hollande a indiqué que la création d'activité en France est le critère déterminant pour l'Etat français dans ce dossier. « L'Etat a forcément à dire son mot parce qu'il est celui qui commande, non pas l'entreprise, mais qui commande à l'entreprise un certain nombre d'achats dans des secteurs tout à fait stratégiques », a -t-il dit.

Le président français semblait en effet plus favorable à une solution européenne avec l'Allemand Siemens. Mais le projet de création d'un Airbus de l'énergie sous la houlette de Siemens, qui constituerait un mastodonte énergétique, avec un pôle européen des transports sous la direction d'Alstom, risque de présenter des problèmes, notamment en matière de réduction de la concurrence en Europe. Cela ne manquera pas d'attirer l'attention de la Commission de Bruxelles.

Une nationalisation temporaire peu envisageable

Quant à l'hypothèse d'une entrée de l'Etat français au capital d'Alstom, voire d'une nationalisation temporaire ( jugée prématurée par le ministre Anrnaud Montebourg ), outre que cela serait coûteux dans une période d'austérité budgétaire, cela serait considéré à Bruxelles comme une aide d'Etat et donc condamnable. C'est en tous les cas ce que soulignent les analystes. Ils en concluent donc que le gouvernement français cherche plutôt à faire monter les enchères entre les deux candidats, General Electric et Siemens, afin d'obtenir des garanties plus substantielles en matière d'emploi, de localisation en France des activités et d'indépendance énergétique.

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