Un gouvernement resserré, mais pas vraiment nouveau. Il faudra un peu plus à Manuel Valls pour convaincre les Français qu'il s'agit d'un gouvernement de combat, comme l'a dit le président François Hollande. Il faudra avant tout apporter des réponses concrètes. Le Premier ministre est attendu sur deux dossiers importants : le pacte de responsabilité et le pacte de solidarité.
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Et les déficits alors ?
Mais entre une réduction des charges aux entreprises pour les aider à investir et à embaucher, et un coup de pouce aux ménages les plus pauvres, la marge de manœuvre est étroite. Pour Jean-Paul Pollin, professeur à l'université d'Orléans et membre du Cercle des économistes : « Cela paraît extrêmement difficile d’en donner à la fois plus aux entreprises d’un côté, et plus aux exclus d'un autre côté ». Finalement, l’ajustement concerne les déficits : « C’est très difficile d’imaginer que l’on va pouvoir poursuivre dans les deux directions en même temps, tout en évitant les déficits publics pour tenter de stabiliser la dette », conclut-il.
Restaurer les marges ou privilégier la consommation ?
Peut-on poursuivre la politique sociale sans toucher à la compétitivité de la France ? C’est la question du jour. Manuel Valls devra probablement concilier les deux. C'est la fameuse distinction entre la politique de l'offre, sensée d'agir sur la compétitivité de l'économie, le fait de produire à moindre coût grâce à la baisse des charges, et la politique de la demande, qui, elle, vise à favoriser la croissance en stimulant la consommation. Dès le début de son quinquennat, et encore plus avec le pacte de responsabilité, François Hollande a justement choisi la politique de l'offre, en rupture avec l'histoire de la gauche, rappelle Eric Heyer, directeur adjoint au département analyses et prévisions de l'Observatoire français des conjonctures économiques. « Le problème c’est qu’aujourd’hui l’économie française, si elle connaît les problèmes d’offre connaît aussi les problèmes de demande. Et massivement », dit-il.
La France en sursis
Et les Français s'impatientent. Ils ne voient pas le bout du tunnel. Ce à quoi le gouvernement répond par un cadeau fiscal aux plus bas salaires. Une dépense supplémentaire qu’Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation iFRAP, critique fortement : « Pour créer les emplois marchands, c’est l’environnement des entreprises qu’il faut savoir créer. Or, on est tout le temps dans la promesse de dépenses sociales supplémentaires. Alors qu’il faudrait en revanche baisser la dépense sociale, baisser la dépense locale, baisser la dépense de l’Etat, et refaire marcher la machine économique ». La directrice de la fondation iFRAP dénonce « une valse-hésitation » du gouvernement entre dépenser ou économiser. Alors que, justement, il faudrait plutôt économiser.
C’est en tout cas ce que demande l’Europe à la France : mettre de l’ordre dans ses comptes. Mais il paraît désormais impossible de revenir sous la barre des 3% en 2015. Manuel Valls promet de tenir le cap de réduction des déficits, mais veut renégocier les délais. La France doit présenter le 15 avril son programme d'économies à la Commission européenne.