Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian confortés et renforcés

Parmi les poids lourds de l'équipe sortante qui ont été maintenus à leur poste au sein du gouvernement de Manuel Valls : Jean-Yves Le Drian, à la Défense, et Laurent Fabius, au Quai d'Orsay. Tous deux ont profité d’un bilan jugé positif et d’une nécessaire continuité dans les dossiers engagés au sein de leurs ministères.

Laurent Fabius, dont le portefeuille a été élargi, a été nommé ministre des Affaires étrangères et du Développement international. Pour le moment, les compétences exactes de son ministère élargi ne sont pas définies, mais tout semble indiquer que le Quai d'Orsay va s'occuper dorénavant de la promotion économique de la France en dehors de ses frontières. Une victoire politique de poids pour Laurent Fabius, qui a fait de la diplomatie économique l'une de ses priorités et qui s'était trouvé à plusieurs reprises en porte-à-faux avec le ministère des Finances, jaloux de ses prérogatives en la matière.

Fabius jugé à la hauteur des crises

Laurent Fabius se voit récompensé pour un parcours considéré par l'Elysée comme l'un des points forts des deux dernières années, malgré l'épisode peu glorieux du cavalier seul face à la Syrie en septembre dernier. La France avait alors été lâchée au dernier moment par les Etats-Unis tandis qu'une intervention militaire était envisagée contre Damas. L'Elysée considère que Laurent Fabius a été à la hauteur des crises internationales majeures qui se sont succédé : la Syrie, mais aussi le Mali et l'Ukraine. Un jugement flatteur, partagé d'ailleurs par l'opinion publique. La cote de popularité de Laurent Fabius n'a cessé de monter au cours des deux dernières années. A la fin du gouvernement Ayrault, l'ancien Premier ministre de François Mitterrand était considéré, avec Manuel Valls, comme le ministre le plus efficace de l'équipe. Le résultat, aujourd'hui, c'est qu'il est reconduit et renforcé et qu'il apparaît sans nul doute comme l'un des piliers de ce nouveau gouvernement.

Le Drian a choisi de rester

A la Défense, c'est la continuité qui a primé. Jean-Yves Le Drian, l'une des personnalités les plus populaires du précédent gouvernement, était pressenti à l'Intérieur. Il a choisi de rester. « Il a insisté, pesé et redit qu'il voulait à tout prix obtenir le droit de poursuivre sa mission à l'Hôtel de Brienne », indique-t-on dans son entourage. Il faut dire qu'il reste encore beaucoup de chantiers à mener à bien à la Défense.

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La réforme lancée l'an dernier, d’abord, qui prévoit des réductions d'effectifs et la rationalisation de l'outil de défense. Ces derniers mois, Jean-Yves Le Drian s'est fait le défenseur de la « condition militaire ». Il a décidé d'en finir avec le logiciel de gestion des soldes « Louvois », qui a accumulé les erreurs de paie depuis 2010. Mais les problèmes persistent : jusqu'en Centrafrique, des militaires français se plaignent de ne pas recevoir leurs primes et temps et en heure.

En Afrique, Jean-Yves Le Drian est devenu l'interlocuteur de nombreux chefs d'Etat dans la zone saharo-sahélienne : Mahamadou Issoufou au Niger, Idriss Déby au Tchad ou encore Ibrahim Boubacar Keïta au Mali. Difficile de tout changer, quand on connaît l'importance des relations interpersonnelles dans cette région du monde. « Des relations de confiance » que se sont attachés à tisser Jean-Yves Le Drian et son équipe.

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Il y a aussi l'accompagnement des marchés de défense à l'exportation. Fin mars, Jean-Yves Le Drian est revenu de Doha avec un contrat de 2 milliards d'euros pour l'achat de 22 hélicoptères militaires. Le Qatar est un client potentiel pour le Rafale. En Asie, il reste encore à finaliser l'accord avec l'Inde, partenaire stratégique de la France. En matière de défense, de telles tractations supportent mal le changement.

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