Article mis à jour en fonction des dernières informations disponibles
Dans l'entourage du président, on parle de véritable « dégelée ». Deux ans après l’arrivée au pouvoir de François Hollande, le Parti socialiste vient de payer tout à la fois l’impopularité du couple exécutif Hollande-Ayrault et son incapacité à faire reculer le chômage. Voilà qui explique l’ampleur de la défaite de la gauche, qui n’a bien sûr d’égale que la victoire de la droite, très vite rebaptisée « vague bleue » par Jean-Francois Copé, président de l’UMP. La droite peut se targuer d'avoir conquis des villes hautement symboliques, comme Toulouse, quatrième ville de France, ou encore Limoges. Deux bastions de la gauche depuis un siècle (surtout Limoges). Seules consolations : la gauche sauve Paris et Strasbourg.
Autre signe du désaveu de la politique gouvernementale et de la colère des Français (outre une abstention record) : la percée confirmée du Front national, qui emporterait près d'une quinzaine de villes dont Béziers et Fréjus, après Hénin-Beaumont la semaine passée, au premier tour. En somme, le désaveu est cinglant pour le PS et pour le président Hollande, sommé par tous, à droite comme à gauche, de réagir. Un remaniement parait désormais inéluctable, et devrait même intervenir très vite, possiblement dès ce lundi, pour éviter l’écueil du mardi 1er avril. Objectif : conduire une nouvelle équipe gouvernementale resserrée, plus professionnelle, dès le prochain Conseil des ministres mercredi. Un gouvernement de combat pour éviter les couacs de la première partie du quinquennat.
→ À (RE)LIRE : Nos reportages dans ces villes qui ont basculé (ou pas)
Restent deux grandes inconnues. D'abord, ce remaniement va-t-il s’accompagner d'un changement de ligne politique et économique ? Probablement pas. Le pacte de responsabilité vient d’être lancé, et on voit mal le président y renoncer, surtout compte tenu de la pression qu'exerce Bruxelles sur Paris. Mais quatre courants du PS ont donné rendez-vous aux députés ce lundi à l’Assemblée pour discuter d’une réorientation. François Hollande se doit d'agir vite avant que la contestation ne gagne du terrain dans sa propre famille politique. Tout en gardant son cap, la réduction des déficits, il pourrait réintroduire plus de justice sociale. Du côté de l'Elysée, on évoque un possible allègement de la fiscalité des ménages pour 2015.
Deuxième inconnue : Jean-Marc Ayrault restera-t-il à la tête du gouvernement ? Son sort était lié à l’ampleur de la défaite au second tour. Mais un seul décide : le président. En coulisse, la bataille pour Matignon bat néanmoins son plein. L'ambitieux ministre de l’Intérieur Manuel Valls est sur les rangs. Les noms de Laurent Fabius et Claude Bartolone sont cités. Ce qui est sûr, c'est que le président choisira le mieux à même de porter le pacte de responsabilité et une nouvelle dynamique. Faut-il y voir un signe ? François Hollande avait prévu de recevoir Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault ce lundi. La teneur des échanges n'a bien sûr pas fuité mais le président pourrait s'exprimer à la télévision, peut-être dès ce soir.
RFI a consacré une édition spéciale aux résultats des municipales 2014, ce lundi 31 mars 2014 en matinée. Retrouvez ci-dessous les principaux temps forts de l'émission en deux parties.