Municipales en France: «un dimanche noir» pour la gauche française

Les réactions aux résultats des élections municipales marquées par une lourde défaite de la gauche ne se sont pas fait attendre. Pour Jean-Christophe Cambadélis, député PS de Paris, il s'agit d'un « dimanche noir »  pour la gauche française. En toile de fond de ces résultats, s’annonce l’ampleur d’un éventuel remaniement ministériel.

Jean-François Copé, le président de l’UMP, a immédiatement évoqué « une vague bleue, première grande victoire de l’UMP sur une élection locale ». Le patron de l’UMP a affirmé que son parti était désormais le « premier parti de France ». François Hollande doit « absolument changer de politique », a-t-il également plaidé.

Pour Alain Juppé, « le président de la République et le gouvernement se sont mis eux-mêmes dans la seringue : on a tellement parlé depuis quelques jours d’un remaniement ministériel que s’il n’avait pas lieu, alors ce serait un contre signal fantastique. » Pour le maire UMP de Bordeaux, le gouvernement doit « renoncer à un certain nombre de réformes qui divisent (…). Je pense à des réformes de société, comme l’euthanasie, la PMA ou la GPA ». Il s’interroge également sur l’avenir du pacte de responsabilité et plaide pour que celui-ci « se concrétise par un plan triennal de baisse des dépenses ». Alain Juppé réclame aussi « un plan donnant de la visibilité » et juge que, « l’on a l’impression que ça change tous les quinze jours. »

Hervé Morin, député UDI, estime que « le centre est redevenu la troisième force politique (...) Ce scrutin est une confirmation de l'implantation territoriale de l'UDI », a déclaré l'ancien ministre de la Défense, évoquant un « désaveu, (une) sanction, (une) punition" pour le président François Hollande. »

Ampleur de la défaite

A gauche, on reconnaît l’ampleur de la défaite. Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole du gouvernement, juge que les résultats de ce dimanche sont « mauvais pour la gauche, décevant ». Ségolène Royal, ancienne candidate à l’élection présidentielle pour le PS juge que ces résultats sont « un avertissement très sévère » pour le chef de l’Etat et le gouvernement. Le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis évoque quant à lui un « dimanche noir » pour les socialistes, et estime que les résultats constituent un « rappel à l’ordre » pour le gouvernement. Pour lui, « avant de parler de remaniement, il faut un ressaisissement. Il faut une politique pour ceux qui gagnent de 1 000 à 1500 euros ».

Pour le Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon estime que la politique de Hollande « a produit un désastre ». Pierre Laurent, secrétaire du Parti communiste français, juge quant à lui que les résultats du PS sont le fruit d’une « politique gouvernementale qui n'a pas du tout répondu à ce qu'attendaient ceux qui ont voulu le changement en 2012, qui n'a pas répondu au problème du chômage et qui est durement sanctionnée ». Pour lui, « il faut évidemment un changement de cap gouvernemental important et il faut un débat sur les solutions ».

Cécile Duflot, ministre EELV du Logement: « Je plaide pour qu'il y ait dans le cadre de l'action commune qui est la notre un sursaut » et « je pense qu'il faut des réponses concrètes en matière de justice sociale ».

Le Front national a réalisé dimanche « le meilleur score de toute son histoire pour les élections municipales » en France, a affirmé le vice-président du FN Florian Philippot. « Nous passons clairement à une nouvelle étape », avec « au moins six villes remportées par le FN » et « peut-être 1 200 conseillers municipaux » élus. Selon les dernières estimations, le parti d'extrême droite a ravi au moins onze mairies, dont Béziers, Fréjus et un secteur de Marseille. « C'est une grande victoire pour le Front national », s'est réjouie Marine Le Pen. « Le Front national a aussi démontré qu'aujourd'hui, il est un mouvement qui suscite un vote d'adhésion », a encore affirmé la présidente du parti frontiste.

« Changer de cap », pour la gauche du PS

Certains représentants de la majorité, à l'image de Marie-Noëlle Lienemann, Jérome Guedj ou Emmanuel Maurel, estiment que « le sujet central n'est pas la demande d'autorité, il est le refus de l'austérité ». « Il faut changer de cap », ajoutent ces membres de l'aile de la gauche du PS.

« Quelles sont les grandes priorités qu’ont exprimées les Français ?, s'interroge Maire-Noëlle Lienemann sur RFI. D’abord, on n’a pas élu François Hollande pour l’austérité, donc il faut mener le bras de fer en Europe pour changer le cap. Deuxièmement, il faut un plan de relance. Arrêter ces 50 milliards d’économies dans les services publics et dans l’Etat. Au contraire, il faut du pouvoir d’achat, du soutien à l’investissement public, pour soutenir la croissance, ce qui permettra d’ailleurs ensuite de réduire la dette. Troisième volet, c’est la majorité politique, on ne peut pas gouverner en restreignant sa majorité avec le petit noyau d’une minorité ou tout juste 50 % du Parti socialiste. »

A l’heure où les couloirs des ministères résonnent des affrontements feutrés en vue du remaniement promis au lendemain de ces élections catastrophiques pour le parti socialiste, quatre courants du PS viennent de donner rendez-vous aux députés pour réclamer une « réorientation » de la politique gouvernementale. La gauche durable, Maintenant la gauche, Un monde d’avance et la gauche populaire ont cosigné cet appel aux députés « de tous horizons ».

Jean-Marc Ayrault prend la parole

Dans une intervention télévisée, le Premier ministre est intervenu en fin de soirée pour reconnaître l'échec du Parti socialiste lors des élections. « Ce vote, tant au plan local qu’au plan national est une défaite pour le gouvernement et pour la majorité. Le niveau d’abstention record au premier comme au second tour est marqué par la désaffection d’une part significative de celles et ceux qui nous ont fait confiance en mai et juin 2012 », a déclaré Jean-Marc Ayrault. Pour le Premier ministre, le message adressé par les Français est « clair » et « doit être entendu ».

 → A (RE)LIRE : Elections municipales en France: lourde défaite de la gauche


A Paris, les réactions à la victoire d'Anne Hidalgo

Anne Hidalgo, première femme élue maire de Paris, a affirmé qu’elle serait « la maire de tous les Parisiens ». Pour celle qui succède à Bertrand Delanoë, sa victoire est « la victoire des valeurs de la République, de l’authenticité d’une gauche fidèle à son idéal ».

En élisant une femme maire, « une fois de plus, les Parisiens sont des précurseurs et des bâtisseurs de progrès ».

Ian Brossat (Parti communiste), a déclaré que le Parti communiste gagne « 5 élus supplémentaires au sein de l'assemblée parisienne », passant de 8 à 13 représentants.

Nathalie Kosciusko Morizet s'est adressé à ses partisants : « nous aurons d'autres combats ensemble ».

Partager :