Municipales: nos reportages dans ces villes qui ont basculé (ou pas)

La vague bleue a bien eu lieu. Dans les régions françaises, un certain nombre de villes ont vu leur couleur changer brutalement de ton. Reportages de nos envoyés spéciaux dans l'Hexagone.

Article mis à jour

Le ministère de l'Intérieur, responsable de l'organisation des élections en France, indique qu'au moins 155 villes de 9 000 à 100 000 habitants ou plus ont basculé de gauche à droite. Si l'on fait une analyse plus affinée, cela donne 10 villes de plus de 100 000 habitants, 40 villes de 30 à 100 000 habitants et 105 villes de 9 à 30 000 habitants. Cette « vague bleue » a été revendiquée par Jean-François Copé, président de l'UMP, qu'il considère désormais comme « le premier parti de France ».

Dans ces villes symboles perdues par la gauche, on peut citer Limoges, bastion socialiste depuis 102 ans, Nevers, la ville de l'ancien Premier ministre Pierre Beregovoy, Conflans-Sainte-Honorine, celle de Michel Rocard et Quimper, fief de Bernard Poignant, fidèle conseiller du président Hollande. Quelques rares consolations : Strasbourg, Lyon, Rennes, Brest et Reims. Les listes de droite recueillent 45,91% des voix au niveau national, les listes de gauche 40,57% et le Front national 6,84%.

Manuel Valls a fait état de « 14 ou 15 communes de plus de 9 000 habitants » conquises par l'extrême droite. Après Hénin-Beaumont au premier tour, Béziers (Hérault), Fréjus, Cogolin et Le Luc (Var), Beaucaire (Gard), ou encore Mantes-La-Ville (Yvelines) passent sous pavillon FN. Ci-dessous, tour d'horizons de quelques villes clé, en reportage, avec nos envoyés spéciaux en France.


Avignon. C'est l'une des surprises de ce second tour. La cité des Papes échappe au Front national (FN), largement en tête au premier tour et... passe à gauche, alors que la droite tenait la ville depuis 1995 avec Marie-Josée Roig. A l'issue d'une triangulaire disputée, la liste FN de Philippe Lottiaux a recueilli 35,02% des voix, celle de l'UMP Bernard Chaussegros 17,50%. La socialiste Cécile Helle est élue avec 47,48% des suffrages. Au passage, la ville au célèbre pont sauve son festival de théâtre populaire.

Limoges. A gauche depuis un siècle et deux ans, la capitale du Limousin bascule à droite. Son nouveau maire est l'UMP Emile Lombertie.

Strasbourg. Une satisfaction bienvenue pour le camp de la gauche, qui conserve la mairie avec la victoire du maire sortant, Roland Ries (46,96%). Sa rivale Fabienne Keller, qui a administré la grande ville alsacienne de 2001-2008, n'a comptabilisé que 45,03%. Le candidat frontiste Jean-Luc Schaffhauser a obtenu 8,01% des suffrages. « Une ville sociologiquement marquée à gauche qui détonne dans une Alsace marquée à droite. »

Béziers. Rarement la sous-préfecture de l'Hérault (sud de la France), 71 000 habitants, n'a été aussi exposée médiatiquement. Avec sept autres villes, elle tombe dans l'escarcelle de l'extrême-droite. Robert Ménard, cofondateur et ancien président de Reporters sans frontières, s'y présentait pour la première fois, soutenu par le FN. Dans cette commune de 71 000 habitants, la quatrième ville la plus pauvre de France, il signe une large victoire avec quasiment 47% des voix. Il devance de douze points le candidat UMP et de 28 points le candidat de gauche.

Marseille. La deuxième ville de France était l'un des champs de bataille les plus scrutés. A 74 ans, le patriarche Jean-Claude Gaudin était candidat pour un quatrième mandat, qu'il gagne avec 42,39% des voix. En face, Patrick Menucci tombe avec 31,09% des voix. Le candidat frontiste Stéphane Ravier prend le 7e secteur (26,51%).

Toulouse. La gauche perd Toulouse, la quatrième ville de France, bastion de gauche récupéré de justesse par le PS lors de la vague rose des municipales de 2008. L'UMP Jean-Luc Moudenc repart donc au Capitole, que lui cède Pierre Cohen.

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