Municipales: les enseignements du premier tour

Les socialistes redoutaient l’abstention des leurs. Ils ont eu à la fois l’abstention-sanction et le vote sanction. Les maires sortants PS concèdent généralement au soir du premier tour des baisses de 5 à 10 points par rapports à leurs résultats de 2008. Ces élections locales ont bien eu une dimension nationale. D’abord parce qu’il s’agit des premières élections organisée dans le pays depuis le 6 mai 2012 et la victoire de François Hollande. L’impopularité record du chef de l’Etat, l’absence de résultats économiques ont nourri tout à la fois l’abstention et le vote Front national.

  • L’abstention record

Elle a atteint un nouveau record pour des élections municipales. 38% d’abstention dimanche soir, c’est presque cinq points de plus qu’en 2008. « Les électeurs de gauche ont fait la grève du vote », comme l’a dit Thierry Mandon, le porte-parole des députés socialistes. A chaque élection, le constat s’amplifie : le fossé se creuse entre les politiques et les citoyens. Et le climat des affaires pendant cette campagne atone a sans aucun doute nourri une partie de l’abstention, comme il a pu nourrir le vote Front national.

  • La poussée du FN

C’est le grand vainqueur du 1er tour des municipales. Le Front national s’impose comme la troisième force politique du pays, et dès dimanche soir, Marine Le Pen, sa présidente, proclamait « la fin de la bipolarisation de la vie politique ». Avec une victoire symbolique dès le premier tour de Steeve Briois, à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, le laboratoire du lepénisme municipal.

Dans le Sud, à Orange, le maire sortant Jacques Bompard été réélu pour un quatrième mandat. Il n’appartient pas au Front national, mais il est le seul rescapé de la première vague frontiste aux municipales, en 1995. Cette année, Orange, Marignane et Vitrolles étaient tombées dans les mains du FN, et c’est une vague « bleu marine » d’une ampleur supérieure qui est attendue : le FN peut se maintenir dans plus de 300 villes de plus de 10 000 habitants, et a des chances sérieuses dans le sud de la France : Perpignan, Saint-Gilles, Béziers, ou encore Fréjus dans le Var.

Pour empêcher l’élection d’un maire Front national, le Parti socialiste veut ressusciter le front républicain et retire d’ores et déjà ses candidats à Saint-Gilles et Tarascon. L’UMP, lui s’en tient à sa règle du ni-ni, et renvoie dos-à-dos candidats FN et PS.

  • La sanction

Même s’il s’agit d'élections locales, ces municipales sont un vrai désaveu pour François Hollande. Habitué à faire le dos rond dans les périodes agitées, le chef de l’Etat ne pourra se dispenser d’apporter des réponses aux Français. Sous la forme d'abord d'un remaniement du gouvernement.

Jean-Marc Ayrault devrait être reconduit à la tête d’une équipe resserrée, mais tout dépendra de l’ampleur de la défaite dimanche prochain. Quoiqu’il en soit, François Hollande n’entend pas modifier sa ligne politique en faveur des entreprises. Le pacte de responsabilité et les 50 milliards d’économies seront détaillés mi-avril. Ces municipales ont d’ailleurs quelques points communs avec celles de 1983, au moment du tournant de la rigueur de François Mitterrand. Des élections intermédiaires en forme d'avertissement sévère pour la gauche.

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