Municipales en France: 1er tour difficile pour la majorité de gauche

Une abstention jamais connue à ce jour, un Front national en pleine forme et un avertissement lancé au gouvernement... Ce sont les trois enseignements du premier tour des élections municipales en France. Le FN a d'ores et déjà emporté une mairie, celle d'Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais. Il est en mesure d'en décrocher d'autres à Perpignan, Avignon ou Forbach. 

39% d’abstention, c’est du jamais vu en France pour un scrutin municipal. Mais ce n’est pas une surprise. En fait, tous les ingrédients étaient réunis : une campagne plus qu’atone, aussi bien à droite qu’à gauche, une démobilisation marquée de l’électorat de gauche, déçu, deux ans après l’élection de François Hollande. Et le climat des affaires, qui creuse un peu plus encore le fossé entre les politiques et les citoyens. Cette abstention n’est pas bien sûr sans conséquences sur les résultats.

Une abstention qui favorise le Front national

C’est une abstention qui fait d’abord les affaires d’un parti, le Front national qui réalise une percée spectaculaire. Victoire dès le premier tour à Hénin-Beaumont, le « laboratoire » du frontisme municipal dans le nord de la France, des listes FN en tête dans de nombreuses villes dans le sud de la France. A Marseille, le Front national réussit même à devancer le candidat socialiste. Bref, le FN triomphe et Marine Le Pen a réussi son pari : « Je crois surtout que c’est la fin de la bipolarisation de la vie politique française. Le Front national arrive comme une grande force autonome, une grande force politique, plus seulement nationale mais également locale. Ca démontre que le Front national s’implante comme il voulait le faire, et il s’implante avec un cru assez exceptionnel ce soir ».

Triangulaires et report de voix

Le Front national devrait donc être en mesure de se maintenir dans 150 à 200 localités. Ce qui veut dire, des triangulaires, ce qui pourrait poser des problèmes à la droite. L’UMP est opposée au front républicain avec son fameux « ni-ni ». Mais les triangulaires, en revanche, pourraient permettre à la gauche de limiter la casse. Il n’empêche, le premier tour des municipales sanctionne le pouvoir socialiste. Même s’il s’agit d’élections locales, il y a bien une lecture nationale de ces municipales : effondrement de la gauche qui totalise à peine 38% des voix au niveau national. C’est 47% pour la droite.

Un vote sanction

La première élection intermédiaire pour François Hollande depuis le 6 mai 2012 et une élection qui prend donc la forme d’un avertissement. On a même entendu le mot « défaite » dans la bouche de certains socialistes qui parlent aussi d’une grève du vote des électeurs de gauche, et notamment les catégories populaires qui se démarquent de plus en plus. Il y a un symbole, c’est Florange, la ville des hauts-fourneaux que François Hollande avait laissé tomber et qui a élu un maire UMP dès le premier tour.


Hénin-Beaumont, symbole de la poussée du Front national

Le parti de Marine Le Pen sera présent dans 315 villes au second tour. Il ne lui en aura fallu qu’un seul pour être élu. A Hénin-Beaumont, ville du nord de la France, terre de gauche, Steeve Briois s’impose avec une courte majorité.

Il est un peu plus de 22 heures dimanche, militants et sympathisants du Front National exultent au moment où leur champion fait une nouvelle apparition. Les dames se battraient presque pour aller l’embrasser. Le champagne et la bière coulent à flot. Comme beaucoup de gens ici, Dominique attendait cette victoire depuis longtemps : « c’est plus qu’une victoire, c’est l’apothéose. C’est ce que les Héninois cherchaient depuis bien longtemps, une gestion saine, équilibrée, avec à la tête un maire propre ». Ce succès dès le premier tour va changer bien des choses, explique Alain, un routier actuellement au chômage : «On va se retrouver chez nous. On ne demande pas à être respectés mais considérés comme des vrais Français ».

Changement de décor à deux kilomètres de là, le maire sortant Eugène Binaisse, divers gauche, quitte la salle des fêtes dès les résultats proclamés. Avant de partir, il défend son bilan, des trémolos dans la voix : « On a travaillé à cette ville, on a redressé cette ville. On donne un joyau à ceux qui arrivent derrière ». La gauche perd l’un de ses bastions historiques du Pas-de-Calais et ce n’est peut-être là qu’un début. Dans d’autres communes du bassin minier, le FN réalise de très bons scores.

 

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