Certains n’hésitent pas à parler de séisme au sommet de l’Etat. Recep Tayyip Erdogan, qui estime être la cible de l’enquête sur le scandale de corruption, a tenté de faire diversion en procédant ce mercredi 25 décembre à un large remaniement ministériel, avec la nomination de dix nouveaux ministres. Mais l’annonce jeudi du dessaisissement d’un des procureurs en charge de l’enquête, Muammer Akkas, a replacé le bras de fer qui oppose la justice turque et l’exécutif au cœur des débats.
La police, selon Muammer Akkas, aurait refusé d’appréhender une trentaine de suspects, notamment des députés du Parti du premier ministre, l’AKP, le parti de la justice et du développement. « Tous mes collègues ainsi que le public devraient savoir qu’en tant que procureur, j’ai été empêché de lancer une enquête », explique-t-il dans son communiqué de presse, dénonçant par la même occasion des « pressions » de la police et de sa hiérarchie.
La presse turque a confirmé ce jeudi que l’enquête s’intéressait désormais de près à l’un des deux fils du Premier ministre, Bilal Erdogan, qui dirige l’ONG la Fondation turque pour le service des jeunes et de l’éducation.
Manifestations
Vingt-quatre heures après le remaniement, cette annonce du desaisissement du procureur risque d'échauffer un peu plus les esprits en Turquie. Mercredi, des manifestations appelant à la démission du gouvernement avaient déjà eu lieu dans plusieurs villes du pays, à Ankara et Istanbul entre autres. On peut donc désormais s'attendre à ce que ce mouvement prenne de l'ampleur.
Depuis le remaniement, le président du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), accuse en effet Recep Tayyip Erdogan de vouloir gouverner par l'intermédiaire d'un « Etat parallèle ».
Le chef du gouvernement cherche à former un gouvernement qui, selon lui, ne « souffre d'aucune contestation ». Une déclaration qui fait écho à l'appel, mercredi, du ministre des Affaires environnementales démissionnaire, qui demandait au Premier ministre de démissionner.