Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Le remaniement va au-delà du simple remplacement des trois ministres démissionnaires. C’était attendu, mais c’est aussi un nouveau gouvernement qui a fait le ménage parmi d’autres noms souvent cités dans des affaires de corruption, de malversation, de trafic d’influence ou d'enrichissement illicite.
Il était rendu compliqué également par l’approche des élections municipales de fin mars, où les candidats ne peuvent être déjà ministres, et encore moins bien sûr suspects de quelque délit que cela puisse être. Ce fut donc un accouchement dans la douleur, annoncé par un Premier ministre Erdogan visiblement fatigué, et qui n’a fait d’autre commentaire que de lire la liste des dix nouveaux promus.
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Toute la journée, la capitale Ankara avait attendu ce remaniement devenu incontournable et urgent, et qui ne s’est concrétisé qu’en toute fin de soirée. À noter donc le remplacement du ministre des Affaires européennes, cité dans l’enquête anticorruption, mais sans être inquiété, car couvert par son immunité parlementaire.
Au ministère de l’Intérieur, c’est un bureaucrate très proche du chef du gouvernement qui a été nommé, Efkan Ala. C’est un poste-clé dans la perspective des élections délicates qui s’annoncent, et surtout dans le bras de fer qui oppose ces derniers temps la police et la justice dans cette série de scandales de corruption éclaboussant le gouvernement.
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