Turquie: une enquête anti-corruption aux trois visages

Trois affaires au cœur de la vaste enquête anti-corruption : l’une pour des permis de construire illégaux, l’autre pour des malversations liées aux projets immobiliers de l’office du logement subventionné, la troisième pour blanchiment d’argent et transfert illicite d’or avec l’Iran. Parmi les personnes écrouées ce samedi 21 décembre figure le directeur général de la banque publique Halkbank, Süleyman Aslan, chez qui on a trouvé 4,5 millions de dollars en petites coupures.

Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion

« La Halkbank a joué un rôle important dans les relations entre la Turquie et l’Iran, et elle continuera ». Ces mots de l’ambassadeur iranien en Turquie, Ali Reza Bikdeli, datent de la fin novembre et illustrent bien le rôle de premier plan de la Halkbank dans le commerce entre les deux pays.

Un commerce en violation de l’embargo dont la République islamique est frappée, qui est dénoncé depuis quelque temps déjà par les Etats-Unis ainsi qu’Israël. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le chef du gouvernement dénonce des manœuvres et un complot de l’étranger.

Des dizaines de milliards de dollars

Le principe en est simple : le pétrole et le gaz achetés à la Turquie sont payés sur des comptes à la Halkbank, mais comme cet argent ne peut être transféré en Iran depuis les restrictions imposées par les Etats-Unis et l’Union européenne en 2010 et surtout 2012, il sert à acheter de l’or, exporté ensuite vers Téhéran. L’Inde a la réputation d'utiliser les mêmes comptes pour le paiement de ses achats d’hydrocarbures iraniens.

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Des échanges qui se montent à plusieurs dizaines de milliards de dollars chaque année. Le principal responsable de ces transactions serait l’homme d’affaires iranien naturalisé turc, Reza Zarrab, l’un des suspects écroués samedi matin qui aurait corrompu de nombreux hauts fonctionnaires pour maquiller son trafic.

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